Paris du poème : Réda, Roubaux, Faure, Houellebecq
Paris n'est plus ce qu'il était, la nostalgie non plus, paraît-il. Mais s'agit-il bien de nostalgie? ou de mélancolie vulgaire, à vendre en capsules touristiques, un petit coup de Sacré Cœur, une tasse pleine à ras bords de Champs-Élysées et un petit dernier accordéon beaujolais au zinc du Bar des Éplorés qui jouxte «Paris-Plage» pour la route? Ce n'est pas cela du tout que dit la poésie qui parle de Paris depuis vingt et trente ans. En lisant avec soin des textes de Jacques Réda (Les ruines de Paris), de Jacques Roubaud (Ode à la ligne 29 des autobus parisiens), de Michel Houellebecq (Poésies), en prenant le train avec Étienne Faure (La vie bon train. Proses de gare), on montrera au contraire que la poésie contemporaine ne cesse d'entretenir un vif débat avec les représentations coutumières de Paris. Entre critique de l'organisation urbaine, dépit ricaneur, culturalité inventive et investissement imaginatif des lieux de passage, la poésie fait son travail: donner suite et corps à ce qui passe pour le meilleur et pour le lire.
De Che Guevara à Lady Gaga
Lors de cette présentation à Salon double, je fais un mash-up de mes sujets de prédilection: je vais effectivement vous parler de révolution, de recyclage culturel, de printemps érable, de Che Guevara, des divas de la pop, Madonna et Lady Gaga, et puisque nous sommes dans un salon de littérature contemporaine, il sera même question de quelques textes littéraires contemporains. Je propose de m’arrêter à la reprise de ce cliché révolutionnaire dans deux romans contemporains: 99 Francs, un bestseller de Frédéric Beigbeder du début des années 2000 et le roman Révolution de Grégoire Courtois publié au Quartanier en 2011. J’évoquerais également un récit de Carole David paru suite au Printemps érable chez Héliotrope et un texte dans le numéro hors-série de la revue Artichaut. Vaste programme en une heure.
Nous sommes tous des autobiographes suspects
La conférence de Jean-Philippe Gravel a été présentée à Montréal le 15 octobre 2013 et à Québec le 16 novembre 2013.
« Nous sommes tous des autobiographes suspects questionne les pièges de l’autoreprésentation dans lesquels le sujet s’engage sitôt qu’il est tenté de faire un récit de sa propre vie. Par la lecture que nous faisons de nous-mêmes et le désir de la voir attestée par l’autre, l’honnêteté peut-elle tenir, ou crée-t-elle les ressacs de nos conduites futures? Au fil de ce questionnement, des œuvres de mourants en sursis (Gil Courtemanche, Fritz Zorn) tâchent d’injecter du sens à une maladie (le cancer qui les emporte) qui n’en a peut-être pas, un fils et un père s’échangent en rêve des injonctions bibliques, un patient de Freud rêve à des rats, pendant que l’alter-ego du conférencier se magasine une thérapie dans l’espoir d’entendre enfin nommer son mal. Tous comptes faits, il n'est pas exclu que cette gamme de récits tragiques composent la toile d'une vaste comédie. »
Ce qui apparaît malgré tout
Sandrine Galand observe combien le féminin dans la culture pop est plus souvent qu’autrement une construction plutôt qu’une identité: celle-ci dessine les femmes non telles qu’elles sont, mais telles qu’elle voudrait qu’elles soient. Or, Sandrine Galand veut croire que cet espace de construction d’une féminité peut devenir lieu d’une résistance et d’une contestation. Prenant le cas de la série The L Word, elle observe comment la série résiste à sa propre instrumentalisation en n’oubliant jamais qu’elle est un produit culturel. Elle montre comment cette série se pose comme féministe en dénonçant, via des problématiques plus largement queer, l’omniprésence et l’omnipotence du regard masculin sur les femmes dans la culture pop.
