Paratextes: à propos d’un texte sur « Métastases » (2014), de David Bélanger

J’inaugure avec ce billet la série Paratextes. Cette notion créée en 1987 par le théoricien Gérard Genette se réfère à tout ce qui entoure et accompagne une oeuvre (préface, commentaires, dédicace, etc.); telle que je l’emploierai ici, elle concernera des textes, articles ou livres que j’ai publiés ailleurs, et à propos desquels je fournirai des informations complémentaires.

Une manière d’entrer dans les coulisses…

J’ai publié il y a quelques semaines un texte — intitulé Le cancer comme métaphore ou le roman contaminé – à propos du roman Métastases (2014), de David Bélanger, sur le site web de Spirale. Vous le trouverez ici; je vous recommande bien sûr d’aller y jeter un coup d’oeil, mais je vous recommande surtout de lire le roman de Bélanger, qui vaut franchement le détour.

Pour toutes sortes de raisons.

Les miennes ne seront peut-être pas les vôtres. J’en étais environ aux deux tiers de ma lecture quand j’ai compris qu’il s’agirait d’un livre déterminant pour moi. J’ai eu envie de contacter son auteur. Moins pour «tester» mes hypothèses sur lui — je ne vois pas l’intérêt d’une telle approche, l’oeuvre appartenant ultimement à ses lecteurs — que pour en savoir un peu plus sur sa réalisation. Une question de craft, comme on dit, par fascination pour le processus d’écriture lui-même… et parce que j’étais franchement impressionné qu’un tel roman soit publié avant le 25è anniversaire de son créateur.

Les racines de mon intérêt étaient assez personnelles. Je les partage ici parce qu’elles sous-tendent aussi, à bien des égards, mon essai L’imaginaire de la greffe, et parce qu’elles continuent à alimenter mon écriture, y compris dans ce blogue. J’ai accompagné ma mère pendant son double combat contre le cancer et la bactérie C difficile, en 2013; j’ai admiré son courage, je l’ai vue frôler la mort, et j’en suis ressorti avec un intérêt fortifié pour la maladie et tout ce qu’elle rend possible. (J’ajoute que ma mère a remporté ses deux combats. Par KO!)

Même au plus fort de l’épreuve en 2013, je n’ai pas eu envie de fuir, dans mes lectures. Au contraire: prenant le métro pour visiter ma mère dans un CHSLD miteux (dont les employés étaient cependant efficaces) en août et en septembre, j’avais le nez plongé dans Le pavillon des cancéreux de Soljenitsyne, tout juste après avoir terminé Je ne veux pas mourir seul de Gil Courtemanche. Et je pensais alors transformer cette aventure médico-existentielle en roman (j’y pense encore…).

Tout cela paraît nous éloigner de Métastases, mais ce n’est que pour mieux y revenir: je suis prédisposé à accueillir avec ouverture et curiosité tout usage du cancer, dans la fiction. Surtout depuis 2013. Je ne lisais pas ces livres pour connaître La Véritable Nature du Cancer, mais pour mieux entrer dans ma propre expérience, quitte à emprunter des chemins inattendus.

Je suis arrivé un peu plus tard à Métastases (au printemps 2015). J’ai été captivé par ses allusions au cancer, du titre aux personnages en passant par l’intrigue même, minée de l’intérieur par ces tumeurs mystérieuses, le cancer devenant le moteur de la narration et le miroir des jeux de l’auteur avec les codes du polar. J’en ai fait le coeur de ma lecture du roman, dont vous trouverez l’essentiel dans le texte publié sur le site de Spirale.

Ce texte a connu une évolution considérable depuis ses balbutiements: il s’agissait d’abord d’un parcours assez long (plus de 3,000 mots), que j’ai fortement réduit pour l’adapter au format privilégié par Spirale. Une purge nécessaire, à mon avis. Les coupures ont donc été principalement effectuées avant l’envoi, mais j’ai ensuite bénéficié d’une révision serrée et éclairante du comité de lecture, qui m’a beaucoup aidé à préciser ma pensée.

À propos de Professeur S.

Professeur de philosophie au Collège Ahuntsic (à Montréal) et chercheur régulier à FIGURA. Ses recherches portent notamment sur le recyclage culturel, le posthumanisme (surtout la greffe) et le travail identitaire. Il aime lire et écrire. Vous pouvez le rejoindre à l'adresse suivante: professeur_s@hotmail.com. Sur Twitter: @professeur_s
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