Titre | Lire et écrire |
Type de publication | Livre |
Année de publication | 1999 |
Auteur·e·s | Robertson Davies |
Collection | L'écritoire |
Nombre de pages | 79 |
Éditeur | Leméac |
Ville | Montréal |
Résumé | Résumé descriptif: Présentés dans le cadre des conférences Tanner, les deux textes qui composent l’ouvrage de Robertson Davies, «Lire» et «Écrire», témoignent non seulement d’une réflexion sur la lecture et l’écriture, mais également des rapports qu’elles entretiennent l’une envers l’autre. Aussi, c’est afin «de susciter un débat qui donne aux gens véritablement intelligents l’occasion de manifester leur force» (p. 7) que Davies questionne la nécessité de la littérature à travers ces activités qui en sont à la fois la raison d’être et la préoccupation première.
Dans la première partie, «Lire», Davies insiste sur la nécessité du plaisir dans la lecture, car, selon lui, il n’est «nul besoin d’étendre les frontières de l’ennui» (p. 25). En cela, la littérature ne devrait pas être perçue comme une corvée, mais comme une manière d’«embrasser le vaste royaume de la pensée et de la sensibilité» (p. 20), d’éveiller son intellect. Le plaisir participe ici de la lenteur, de la relecture et de l’intimité, il encourage à lire, non pas en abondance, mais en «profondeur et à inviter quelques grands chefs-d’œuvre dans sa vie» (p. 42).
La deuxième partie, «Écrire», dégage une vision de l’écriture qui repose sur les questions de langage, de style et de dramatisation. Pour lui, il ne suffit pas que l’écrivain sache manier la langue, il lui faut «quelque chose de comparable au talent de l’araignée qui file et tisse sa toile» (p. 79), une façon de dire les choses qui lui est unique. Davies suggère donc de donner «toute la présence possible au décor» (p. 67) de son histoire, d’en tracer les contours sans s’y attarder.
Ces conférences donnent à lire une vision de la littérature et de la création à travers l’expérience personnelle de lecteur et d’écrivain de Robertson Davies, et intéresseront sans doute les lecteurs pour qui la littérature a «le pouvoir d’élargir et de raffiner notre compréhension de la vie» (p. 21).
Résumé interprétatif:
Partant de son expérience de lecteur et d’écrivain, mais également de journaliste et d’enseignant, Robertson Davies interroge, dans Lire et écrire, la nécessité de la littérature en regard —justement— de la lecture et l’écriture. Indissociables l’un de l’autre, l’acte de lire et l’acte d’écrire participent selon lui d’une même écoute, d’un même mouvement : celui de la pensée, de la sensibilité et de la sympathie, en ce qu’elles «augmente[nt] la compréhension que nous avons de tous les aspects de notre vie» (p. 21). Sur un ton qui invite tout autant à la détente qu’à la rigueur, Davies met en garde le lecteur contre les méthodes de lecture rapide et les recettes d’écriture qui éloignent du plaisir de la lecture, de l’oralité, et compensent, en lui superposant des canevas tout préparés, le manque d’imagination. Pour lui, nul secret sinon que «c’est des profondeurs qu’émerge l’inspiration» (p. 61), le vrai talent d’invention de l’écrivain.
Davies réfléchit sur les risques qu’encourt tout écrivain de perdre contact avec le monde et d’accepter des commandes sociales. En cela, il insiste, dans un premier temps, «sur l’importance de faire autre chose dans le monde qu’écrire» (p. 52), de ne pas s’enfermer dans un cercle d’écrivains et «dans la fréquentation des gens de sa génération» (p. 52). Dans un second temps, Davies questionne la portée des bourses de création et du mécénat institutionnel sur le travail d’écriture. Fier de n’avoir jamais reçu de bourses de création, il apprécie «cette liberté au plus haut point» (p. 49) et ne peut concevoir l’engagement et la liberté de l’écrivain que par son refus d’accepter des aumônes «pour accomplir ce qu’il a lui-même choisi comme l’œuvre de sa vie.» (p. 50) Se référant à son expérience personnelle, il estime nécessaire d’occuper un emploi, car «le travail quotidien empêche d’écrire trop» (p. 52) et de s’isoler dans l’écriture.
Aussi, ce n’est pas parce que tout le monde peut écrire qu’il est donné à tous de devenir écrivain et de pratiquer cet art avec «sérieux» (p. 45). Au contraire, écrire est en «partie affaire de corvée, d’application quotidienne, d’accumulation des pages terminées à la manière du castor qui bâtit sa digue» (p. 53). Mais surtout, il faut à l’écrivain un talent comparable à celui que possède l’enchanteur. Ce talent, que Davies nomme shamanstvo, c’est le pouvoir de jouer avec les mots, de «montrer ce qui arrive, et non [de] le décrire avec détachement» (p. 70), de susciter de «merveilleuses révélations sur la vie et sur nous-mêmes» (p. 72). En ce sens, c’est par le langage que passe le shamanstvo puisqu’il ne saurait y avoir, pour Davies, «d’enchantement sans mots» (p. 78). Ce que l’écrivain doit alors trouver, c’est «une façon d’employer les mots qui retienne l’attention, pas nécessairement par la singularité, mais par l’exactitude» (p. 75) et qui rapprocherait l’écrivain du «langage direct» (p. 75) des gens simples.
Enfin, Davies en appelle à la formation d’une classe instruite de lecteurs, une clergie composé, non pas de journalistes ou de critiques, mais de «quiconque sait faire usage d’une bibliothèque publique et le fait avec zèle et dévotion» (p. 42) et qui aurait pour «charge d’exercer l’influence littéraire en grande partie abandonnée à la critique universitaire» (p. 42). Pour Davies, les membres de la clergie lisent pour leur plaisir sans recevoir de rémunération pour leur travail, ils lisent parce qu’ils ont leur mot à dire sur le monde littéraire. En fait, «ils veulent que le monde des livres, à travers eux, exerce une influence sur la vie politique et sociale de la nation» (p. 44).
Source : Interligne - UQÀM (http://www.interligne.uqam.ca/pages/liste_biblio.asp) |
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