Les tramways d'Hochelaga: suivre les traces brisées de la wilderness urbaine
Il nous arrivait d’aller au marché Maisonneuve. On prenait le tramway, puis on revenait à Longueuil… Le poulet ou les gâteaux n’avaient pas le temps de dégeler. Il n’y avait pas de métro à cette époque. On traversait le fleuve en bus ou en tramway. Ce dernier nous laissait devant le marché… (me raconte mon père avant qu’il ne disparaisse lui aussi).
Quel était ce tramway? La ligne 3A (Ste-Catherine), la 5A (Ontario)?
Tout comme les ruisseaux d’Hochelaga et de Montréal, ces lignes sont désormais enfouies sous le pavage et l’asphaltage. Mais il n’est pas rare d’en trouver quelques bribes ici et là. Comme des paroles disparues ou oubliées qui nous reviennent à l'esprit. Ou comme des refoulements d'égouts. En effet, le redoux du mois de janvier glacial fait resurgir le refoulé: dans le déchirement du bitume, les nids de poule nous révèlent des rails de tram à peine enfouis…
Rue Ontario, coin de Morgan. Ste-Catherine, coin Aird. Des bouts de rails, tout près de ruisseaux gelés. Des paroles s’animent dans l’Hochelaga Imaginaire. La wilderness urbaine prend le train.
Quelques coups de klaxons me réaniment… Tu traverses ou pas? m’invective l’automobiliste. Non, je ne traverse pas. J’attends le tramway. Peut-être à l’endroit où quelques décennies plus tôt mon père et mon grand-père attendaient le tram pour regagner la Rive-Sud de Montréal.
Quelques-unes de ces voitures électriques sur rail de la STM peuvent être vues au musée ferroviaire de Saint-Constant. La carte des tramways 1941:
http://esteemfoundation.org/emdx/rail/MTC1941/MontrealTramwaysCompany-1941.gif
Fond Archive ville Montréal : (VM 002_VM66-S5P123) :
http://archivesdemontreal.com/documents/2014/09/002_VM66-S5P123.jpg