
Les liens entre les pratiques artistiques, les technologies et les médias se sont développés de manière accélérée depuis la seconde moitié du XXe siècle, à la suite de l’arrivée massive sur le marché de divers médias portatifs qui ont forgé leur époque de par leurs spécificités techniques. Pensons à la vidéo dans la décennie soixante, à l’ordinateur domestique au début des années quatre-vingt, à l’Internet, de plus en plus accessible dans les années quatre-vingt-dix, et, par extension, à la prolifération de supports numériques, lesquels demeurent souvent contrôlés par des intérêts financiers.
Dans sa définition de base, le numérique désigne la représentation de données par des éléments binaires ou divisibles (nombres) et s’opposerait à l’analogique, une représentation comportant des similarités avec son objet. Dans le paradigme analogique, la conception de la discipline artistique est intimement liée à son support qui en conditionnerait les aspects dits essentiels. Dans le paradigme numérique, le code devient cet aspect essentiel, brouillant les spécificités propres à chaque support (pellicule ou bande magnétique). L’esthétique du code remplace ainsi celle de l’empreinte et joue sur la porosité et l’indétermination des supports.
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000 Text (navigation filmée #1)
000 Text (2002) du collectif Jodi (Joan Heemskerk et Dirk Paesmans) s’inscrit dans une esthétique du code et de « l’abstraction numérique » présentant les signes du langage informatique sous la forme d’un tableau interactif, écho des courants de l’art conceptuel et de l’abstraction géométrique.
F8MW9 (navigation filmée #1)
L’œuvre sonore F8MW9 (2008), conçue par Margareta Waterman et Jim Andrews, propose à l’internaute de recombiner de manière ouverte et aléatoire un poème audio composé de mots inventés. Le spectateur manipule les séquences et le rythme de la voix, matériau premier de l’œuvre opacifié par la langue fabriquée.