
La notion d’uchronie est comprise ici comme un « hors-temps », dans la perspective des écrits pionniers d’Edmond Couchot, qui parle d’uchronie pour désigner la synthèse de plusieurs temporalités, propre à la création numérique, en particulier celle liée aux environnements de réalité dite augmentée (ou réalité virtuelle). Comme l’affirme l’auteur, la plupart des dispositifs numériques interactifs peuvent être considérés comme des simulateurs de temps uchronique, qu’il s’agisse de jeu électronique, téléphonie mobile multifonction, cartographie GPS ou de tout autre interface de navigation numérique. Le temps numérique est ainsi une simulation qui ne renvoie plus aux conventions universelles du temps.
Les artistes savent bien révéler par leurs œuvres les choses cachées, voire invisibles. Ils peuvent faire vivre des présents inédits et particuliers, riches en affects et sens, et proposer une réponse aux excès de notre rapport au temps : impatience, précipitation, perte de la notion du temps à cause même de la peur de perdre son temps. « Uchronie », donc, d’un présent éternel ou de présents variables qui s’actualisent par l’intermédiaire du dispositif et de l’expérience des œuvres que l’internaute choisira de mener à terme.
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Adam's CAM (navigation filmée #1)
Adam’s cam de Sebastien Longhman (2005) met en scène un temps éternel qui ne demande qu’à s’actualiser dans l’expérience esthétique. Le point de vue du spectateur y est central : ce dernier peut être témoin ou espion d’une scène originelle, la représentation d’un corps féminin endormi, qui s’offre et se dérobe au regard.
Proposition de voyage temporel dans l'infinité d'un instant 2.0 (navigation filmée #1)
Proposition de voyage temporel dans l'infinité d'un instant 2.0 (inédit perpétuel) (2002), de Julien d'Abrigeon, présente un poème animé et toujours inédit - comme l’indique le titre -, car constitué des données relatives à l’heure et la date de visite de l’internaute.
Intervals (navigation filmée #1)
L’œuvre de Peter Horvath, Intervals (2004), évoque clairement une relation au temps. Collage, mosaïque, fragments d’images et de sons, l’œuvre construit un temps fuyant qui échappe à sa saisie dans le récit et qui propose de se concentrer sur les liaisons, les transitions, entre ces divers moments détachés et donnés à vivre dans une sorte de « hors-temps » de l’histoire.