Présentation de la communication
Il est souvent question de rock dans le roman contemporain. Généralement, ces mentions sont allusives: la narration se contente de citer le titre d’un morceau, de préciser le nom du groupe qui l’interprète, d’en rapporter quelques paroles. Ce procédé sert, au mieux, à créer une ambiance particulière ou à suggérer l’état d’esprit d’un personnage; au pire, à produire un cliché de l’époque, un «effet de réel».
Certains textes font toutefois du rock leur sujet principal. La musique dont il est question se voit alors plus longuement décrite: elle est donnée à lire par la narration. C’est cette traduction d’un son en mots qui fera l’objet de ma communication. J’y défendrai l’hypothèse comme quoi un tel déplacement n’est jamais neutre: il s’accompagne au contraire d’un commentaire implicite du morceau évoqué. Se voient ainsi pris en compte non seulement l’appréciation de la pièce elle-même, laquelle transparaît dans le choix du lexique retenu pour en traiter, mais également l’effet qu’elle exerce sur son auditeur diégétique et ses possibles significations sociales.
Ce cumul de valeurs et de perspectives peut mener, dans certains cas, à la constitution d’une vision du monde (Weltanschauung) soutenue par la narration ou les dialogues. De même, l’axiologie rock ainsi définie peut se refléter dans l’écriture elle-même, revêtant de ce fait une dimension métatextuelle. La démonstration s’appuiera sur des romans récents consacrés au punk rock, un sous-genre dont la codification sociale et esthétique marquée rend le traitement littéraire particulièrement révélateur.
Pour plus d'informations, consultez le site du colloque LINCS/ALN 2016.