Le livre d'artiste est l'objet autant d'une fascination, chez certains publics, que d'irritation pour d'autres. Les premiers se délectent de son caractère artisanal, son tirage en édition limité, l'originalité de chacune des pièces, les autres fustigent son illisibilité, due autant au travail sur la matérialité de l'oeuvre qu'aux modalités de conservation et d'exposition qu'il implique. Souvent cher, peu diffusé, difficile à manier, son aspect est paradoxalement parfois tellement artisanal qu'on pourrait facilement le désigner sous le thème d'un bricolage.
On le voit à cette conception du livre d'artiste, qu'elle soit élogieuse ou critique, qu'elle repose sur une vision élitiste d'un médium destiné à un public de connaisseurs. Ce que je propose ici est d'envisager le livre d'artiste comme un espace alternatif et démocratique, en somme de revenir à son identité première telle qu'elle a été pensée par les avant-gardes. Dès lors on pourra voir dans cette forme marginale du livre un espace d'exploration.