Université du Québec à Montréal

Paysages, parcours, cartes, habitations

Bouvet, Rachel
Dubé, Noémie
Ce carnet s’inscrit donc dans la continuité des explorations amorcées lors de la journée d’étude, «Paysages, parcours, cartes, habiter», dans le cadre du séminaire portant sur les pratiques sémiotiques de l’espace.
Pour citer ce document:
Bouvet, Rachel. 2019. Paysages, parcours, cartes, habitations. Carnet de recherche. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/carnets/paysages-parcours-cartes-habitations>. Consulté le 1 mai 2023.

Introduction

Le 13 décembre 2018 avait lieu une journée d’étude, «Paysages, parcours, cartes, habiter», dans le cadre du séminaire portant sur les pratiques sémiotiques de l’espace. Au fil des rencontres et des lectures, au détour des excursions, une réflexion commune émergeait, mettant en lumière la diversité des rapports singuliers à l’espace. Point d’orgue à cette longue déambulation théorique et pratique, ce carnet s’inscrit donc dans la continuité des explorations amorcées et travaille à ouvrir des horizons dans un domaine d’étude en pleine expansion.

Le traitement des paysages dans «Into the wild» de Sean Penn

J’ai découvert le film «Into The Wild» grâce à une discussion avec mon père qui, pourtant cinéphile, m’avait fortement déconseillé de le regarder. Il m’avait confié sa déception en me résumant le scénario de cette manière: « il y est question d’un jeune idéaliste qui après avoir traversé les États-Unis va se perdre au fin fond de l’Alaska et meurt stupidement. Aucun intérêt.» L’adolescence et l’esprit de contradiction aidant, j’ai eu soudainement très envie de voir ce film, récit d’un voyage tragique.

La circularité de l’espace dans «Paterson» de Jim Jarmusch

Dès ses premiers long-métrages au début des années 1980, Jim Jarmusch a su inscrire sa filmographie dans la continuité du courant postmoderne amorcé au tournant des années soixante, où rupture et métamorphose déconstruisent l’œuvre filmique pour la réagencer dans un nouveau souffle.

Habiter la fuite: pratiques spatiales de l'échappée

Dans «Petite géographie de la fuite: essai de géopoétique», Thierry Pardo écrit: «Pour d’autres, la recherche de leur art de vivre semble se heurter à l’étroitesse de longs couloirs gris emmurés d’oppression. Pour eux, le labyrinthe est sans issue, les conditions nécessaires de leur destin ne sont pas réunies. […] Quand l’air devient irrespirable, quel courage vaut le mieux, celui de partir ou celui de rester? Quels talents faut-il pour habiter la quête de l’horizon permanent?» (2015: 8) À cela, il faudrait ajouter: quel prix à payer?

Balade au coeur d'un territoire insoumis: Exploration d'«Area X» de Jeff Vandermeer

La Trilogie du Rempart Sud («The Southern Reach Trilogy», en langue originale) nargue l’appétit de domination et de contrôle que l’humain clame sur l’environnement. Notre monde, aujourd’hui cartographié jusque dans ses moindres aspérités, analysé par une multitude de domaines scientifiques, recèle de moins en moins de mystères. La tendance, présentement, est de prendre la planète pour acquise, tant et si bien que celle-ci en vient à s’estomper, devenant simple décor ou obstacle aux agissements humains. Or, dans sa trilogie, l’écrivain américain Jeff Vandermeer problématise l’indifférence face au territoire en faisant surgir, de manière arbitraire, un espace inconnu au cœur de l’ordinaire.

L'ennui en raison du monde virtuel limité dans le jeu vidéo «Skyrim»

En 2011, la compagnie Bethesda Softwork développe et publie le jeu vidéo The Elder Scrolls V: Skyrim, réalisé par Todd Howard, un vétéran de l’industrie qui a travaillé sur plusieurs titres de la franchise. Il s’agit d’un jeu de rôle où l’exploration est au centre de la jouabilité. Le joueur est appelé à vaincre un dragon ancien, nommé Alduin le dévoreur des mondes. Pour ce faire, le joueur doit amasser des artefacts de puissance et fortifier ses aptitudes guerrières ou magiques en découvrant la province du nord du monde de Tamriel: Skyrim.

«Pluie et vent sur Télumée Miracle»: Comment la terre antillaise et l’évolution des personnages féminins principaux s’entre-influencent à travers l’imaginaire culturel local

En 1972, Simone Schwarz-Bart écrit «Pluie et vent sur Télumée Miracle», un roman important pour la représentation des femmes guadeloupéennes en littérature francophone. L’autrice prend en compte le passé de ses personnages féminins, ce qui les constitue, et raconte les épreuves qu’elles traversent au cours de leur vie d’une manière à la fois concrète et métaphorique, imprégnée de l’imaginaire local.

Maison et frontières en transition dans «Into the forest» de Jean Hegland

«Home sweet home», «There’s no place like home», «Home is where the heart is»… Autant de dires populaires entendus encore et encore et qui positionnent la maison en tant que lieu par excellence du bien-être, du confort, de la protection. Mais qui dit maison dit aussi maison hantée, inquiétant familier voire même séquestration. Figure équivoque s’il en est une, la maison ouvre et ferme ses seuils, cache ou expose ses habitant.e.s, les enferme ou les abrite. Un excellent exemple de cette ambivalence des valeurs et fonctions associées à la maison peut être retrouvé dans le roman «Into the forest» de Jean Hegland.

Dialectique de l'espace intime dans le roman «Chant pour enfants morts»

À l’instar du « champ littéraire [qui] se réorganise périodiquement par une redistribution des valeurs » (Boyer, 2008: 20-21), les perspectives épistémologiques se chevauchent et se concurrencent en fonction d’enjeux paradigmatiques engendrant des approches et des courants théoriques. Suite au déclin du linguistic turn qui dominait les sciences humaines dans les années 1960, émerge, dans les années 1980, un tournant spatial (Collot, 2018 : 29) qui se développe considérablement autant en études culturelles (Mattelat et Neveu, 2010: 104-105) que dans les sciences sociales en général (Besse, 2010 : 1). Cependant, ce tournant ne semble pas se manifester ad nutum en études québécoises.

«La longue route» de Bernard Moitessier: quitter la terre pour habiter la mer

«Je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme.» (Moitessier, 2009 [1986]: 312) C’est par ces quelques mots écrits le 18 mars 1969 que Bernard Moitessier abandonne officiellement le Golden Globe Challenge, course autour du monde à la voile dans laquelle il s’est lancé le 22 août et qu’il est en passe de remporter. En gagnant cette course, Moitessier deviendrait le premier navigateur à effectuer un tour du monde en solitaire sans escale; partant, il entrerait dans l’histoire.