Le 16 novembre 2010, le repas gastronomique des Français a été inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, en référence à la convention de l'UNESCO de 2003. Cette inscription a salué comme couronnement au patrimoine de l'humanité de la gastronomie française et accessoirement, bien entendu, de son excellence. Démontrant ainsi non seulement l'instrumentalisation du concept de patrimoine culturel immatériel, mais encore (et c'est ce qui nous intéresse ici) la complexité qu'il y a à analyser la gastronomie.
En effet, la gastronomie est objet multidimensionnel, au sens imprécis, un mot tiroir qui alimente un discours omniprésent. Si le terme s'inscrit dans un lexique grec, très vite il est entré dans la langue française et, depuis, il est devenu un mot français et la France s'est appuyée sur le mot pour persuader le monde de l'exceptionnalité de sa chose. Dans le cadre du colloque, j'ai proposé de retracer la complexité de cet objet à travers les mises en récit successives de la gastronomie qui ont accompagné ce processus de candidature à l'inscription à l'UNESCO.