À partir du thème de «La chair aperçue, imaginaires du corps par fragments», j'aimerais proposer une variation, non pas autour de la chair, mais autour du vêtement. Pour qu'il y ait chair aperçue, il faut qu'il y ait mise à nue totale ou partielle. Il faut deux éléments: d'une part une peau et d'autre part un vêtement. Le vêtement est donc paradoxalement nécéssaire pour qu'il y ait nudité, c'est-à-dire pour qu'il y ait conscience de la nudité. On peut dire qu'Adam et Ève, au Jardin d'Éden, n'étaient pas nus, dans la mesure où ils n'avaient pas conscience de leur nudité. Ce n'est qu'après avoir mangé le fruit du savoir que, se sachant désormais nus et connaissant la pudeur, ils se vêtent.
Roland Barthes nous rappelle ceci, dans Le plaisir du texte: «L'endroit le plus érotique d'un corps n'est-il pas là où le vêtement baille? [...] C'est l'intermitence, comme l'a bien dit la psychanalyse qui est érotique: celle de la peau qui scintille entre deux pièces, [...] entre deux bords». Plus qu'un pouvoir érotique de la peau, donc, il nous faut supposer un pouvoir érogène qui origine dans ce binome peau-vêtement.