Colloque
Université du Québec à Montréal

Ce que la remédia(tisa)tion fait au mythe: de la modernité à aujourd'hui

Vendredi 23 Mars 2018

 

Présentation du colloque

Si certains mythes –ou scénarios mythiques– ont connu une plus grande fortune à travers les temps que d’autres, c’est souvent parce que leur récit nodal, les structures narratives, les images identitaires ou les rites leur étant inhérents permettaient de les réactualiser par rapport à l’imaginaire d’une communauté à une époque donnée. La reprise d’un mythe par la réécriture ou la représentation visuelle (peinture, photographie, dessin, cinéma, Internet) s’avère un moyen efficace pour expliquer des phénomènes tant individuels que collectifs auxquels les récits mythiques apportent des éléments de réponse, ou alors sont proposés comme tels. Il suffit de penser à l’importance d’Œdipe et d’Électre depuis l’invention de la psychanalyse, à la résurgence des Amazones dans l’entre-deux-guerres comme figures symboliques de la «femme nouvelle», ou encore à l’omniprésence d’Hercule notamment dans le cinéma hollywoodien ; sans oublier celle de Diane dans le roman et la peinture. 

Depuis la modernité, la fécondité de certains scénarios mythiques semble augmentée dès lors que la transmission d’un scénario mythique dépasse les limites du texte littéraire pour investir également –parfois même plus– le terrain des arts et de leurs médias respectifs: la photographie, la peinture, l’affiche, le cinéma, la radio, la télévision, Internet.
 
Nous nous intéresserons, dans le cadre du troisième volet du projet «Mythes et médias», à la question de la remédia(tisa)tion («remediation» selon Bolder et Grusin), aux modalités de transmission d’un scénario mythique, aux effets sur la transmutation médiatique d’un mythe, à ses fonctions au sein d’une communauté, à ses invariants d’une époque à l’autre, à sa performativité jusque dans le monde contemporain.
 

 

Programme du colloque

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Séance 1

 

Séance 2

 

Organisation du colloque

Véronique Cnockaert est directrice de FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Elle est professeure au Département d’Études littéraires de l’Université du Québec à Montréal et co-fondatrice du LEAL (UQAM/Figura). Spécialiste de l’œuvre de Zola et du Naturalisme, elle a commenté Au Bonheur des Dames, dans la collection Foliothèque chez Gallimard en 2007, elle a publié Émile Zola. Les Inachevés. Une poétique de l’adolescence aux Éditions XYZ / Presses universitaires de Vincennes en 2003; elle a aussi dirigé les Actes du colloque Émile Zola. Mémoire et Sensations aux Éditions XYZ en 2008. Elle s’intéresse également aux rapports entre littérature et anthropologie. Elle a publié en collaboration avec Marie Scarpa et Jean-Marie Privat (univ. Paul-Verlaine de Metz) Anthologie de l’ethnocritique (Presses universitaires de Québec, collection «Approches de l’imaginaire», sous la dir. de Rachel Bouvet & Bertrand Gervais, 2011).

Andrea Oberhuber est professeure titulaire au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal où elle enseigne les littératures française et québécoise, notamment l’écriture des femmes (XIXe-XXIe siècles), les avant-gardes historiques et la photolittérature. Elle a dirigé, entre autres, le collectif Claude Cahun: contexte, postures, filiation. Pour une esthétique de l’entre-deux (2007), ainsi que les dossiers de revue «Réécrire au féminin: pratiques, modalités, enjeux» (Études françaises, 2004; avec L. Gauvin), «Voir le texte, lire l’image» (Dalhousie French Studies, 2009), «À belles mains. Livre surréaliste, livre d’artiste» (Mélusine, 2012), «Polygraphies du corps dans le roman de femme contemporain» (Tangence, 2013), «Peut-on regarder Méduse», «Don Juan ou le pouvoir de la séduction», ainsi que «Sorcières et sorciers» –volet Créations, avec C. Mavrikakis (MuseMedusa, 2013; 2014; 2017). Son essai hybride Corps de papier. Résonances est paru en 2012 chez Nota bene. Les collectifs Fictions modernistes du masculin-féminin: 1900-1940 (avec A. Arvisais et M.-C. Dugas; PUR) et Héritages partagés de Claude Cahun et Marcel Moore (avec A. Arvisais; cahun-moore.org) ont été publiés en 2016. Avec Catherine Mavrikakis, elle codirige depuis 2012 la revue numérique MuseMedusa (www.musemedusa.com). Ses recherches portent actuellement sur «Le Livre surréaliste au féminin: faire œuvre à deux» (projet CRSH). Elle vient d’organiser, à la Bibliothèque des lettres et sciences humaines, une exposition consacrée à la démarche collaborative au sein du Livre surréaliste au féminin (https://bit.ly/2qW09rC).

Pour citer ce document:
Cnockaert, Véronique et Andrea Oberhuber, (org.). 2018. Ce que la remédia(tisa)tion fait au mythe: de la modernité à aujourd'hui. Colloque organisé par Figura, le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire / Chaire de recherche du Canada sur les arts et les littératures numériques ALN. Montréal, Université du Québec à Montréal, 23 mars 2018. Documents audio et vidéo. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/evenements/ce-que-la-remediatisation-fait-au-mythe-de-la-modernite-a-aujourdhui>. Consulté le 1 mai 2023.

Résurgence d'Ys: «Bran Rux» (Alain Deschamps et Claude Auclair), «Ys» (Masaya Hashimoto et Tomoyoshi Mayazaki), «Guénolé ou le Silence de l'Aulne» (Philippe Le Guillou)

Dans cette communication, Laurent Déom retrace l'histoire de la ville fictive d'Ys, cette légende, à travers trois récits: Bran Rux d'Alain Deschamps et Claude Auclair, Ys de Masaya Hashimoto et Tomoyoshi Mayazaki, et Guénolé ou le Silence de l'Aulne de Philippe Le Guillou.

«Dark Souls» ou l'obscur cheminement vers le mythe

Depuis de nombreuses décennies, la culture occidentale influence les productions japonaises. Au sein de la sphère vidéoludique, la série Dark Souls puis depuis 2011 dans les mythes européens afin d'approfondir sa diégèse peuplée de dragons et de chevaliers aux noms germaniques hérités des Nibelungen, d'hommes issus de l'obscurité venus s'emparer de la flamme tel Prométhée.

À l'ombre de Richard Wagner: la fille-fleur, de «Parsifal» à Marcel Proust

Il relève aujourd'hui presque du lieu commun dans la critique proustienne de s'interroger sur la présence de la musique dans À la recherche du temps perdu et d'envisager sa fonction dans la trajectoire du narrateur comme de retracer les sources génétiques potentielles derrière les œuvres énigmatiques de Vinteuil.

Une «voix arborique» publie des «merveilles»: récit et réécriture des mythes chez Cyrano

Cette communication propose d'explorer la question du mythe et de la remédia(tisa)tion du mythe dans Les États et empires du Soleil de Cyrano, récit du voyage imaginaire et fabuleux d'un narrateur personnage dans les provinces du Soleil. Ce texte suit Les États et empires de la Lune du même Cyrano qui sont parus quelques années avant, en 1657, alors que le Soleil est paru en 1662.

Jeanne d'Arc chez les écrivains catholiques, ou la sainte mythifiée

Les représentations de Jeanne d'Arc se sont multipliées au fil des siècles. C'est tour à tour la jeune fille guerrière, la vertueuse innocente trahie, la martyre, la sainte, la vierge, la pacifiste, la prophétesse, la fille du peuple, la restauratrice de la royauté, ou la résistante à l'oppression étrangère qui est louée ou parfois ridiculisée par les écrivains.

Diane et les Femen

La question posée dans cette communication se déplace du côté de l'emploi du mythe de Diane/Arthémis dans un contexte de militantisme et de revendications, celui des Femen. Il s'agira de saisir comment la figure de Diane s'articule aux gestes de ces militantes. De quelle manière la fiction mythologique est-elle réactivée? Quelles sont les déviations qui ont été (ou pas) imposées au mythe? Y a-t-il d'autres niveaux référentiels mis en place?

L'imagination est-elle libre? Le mythe de Diane, de l'écrit à l'écran chez Yannick Hænel

Cette communication entend contribuer à l'étude entreprise depuis deux ans par Véronique Cnockaert sur le mythe de Diane en y apportant le corpus d'un écrivain contemporain sur lequel Myriam Watthee-Delmotte travaille depuis quelques années, Yannick Hænel. Avec son huitième roman paru chez Gallimard l'an dernier, Tiens ferme ta couronne, Hænel a remporté le Prix Médicis et, au même moment, il a réalisé un film intitulé La Reine de Némi avec le studio des arts contemporains du Fresnoy.