Présentation de la journée d'étude
Contrairement aux discours partisans, aux allocutions politiques, aux tweets qui inondent le XXIe siècle, la littérature n’est pas un espace monologique. Que ce soit dans la poésie, dans le roman ou dans la fiction au sens large, plusieurs voix cohabitent dans le discours littéraire. Dès lors, la notion de vérité ou de mensonge devient problématique: Qui dit vrai? Qui dit faux? Quels sont ces menteurs qu’on écoute? Qui sont ces fous qui voient juste mais que personne n’entend? La question trouve des échos à toutes les époques de l’histoire littéraire. Mais aujourd’hui surtout, l’explosion des moyens de communication oblige à repenser le rapport entre vérité et mensonge dans le discours. Entre les fausses nouvelles et les faits alternatifs, chacun se mêle de faire de la fiction. En mettant en parallèle la crise de l’information du XXIe siècle avec la figure du Cassandre, oracle antique condamnée à n’être jamais comprise, cette journée d'étude propose donc d’explorer le thème de la vérité et de la contrevérité dans la littérature.
Cette journée d'étude devait être présentée le 21 avril 2020 et a été annulée en raison de la pandémie.
Crédit de l'image: Marc Burckhardt, Cassandra, Acrylique et huile sur panneau de bois.
Programme de la journée d'étude
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Séance - Stratégies discursives: poétiques du mensonge et de la vérité
- Justine Robidas. «Avoir le dernier mot: problématiques de la vérité fictionnelle dans la Troisième Continuation du Conte du Graal»
- Florence Brassard. «“Égarer le lecteur” comme on envoie les naïfs “se noyer au couchant”. Présences de l'alchimie dans La Réfutation majeure de Pierre Senges»
Séance - À la recherche de la vérité: un parcours initiatique
- Marion Gingras-Gagné. «“Si je parle, je m’invente.” Parole féminine, mensonge et performativité dans le roman Roux clair naturel de Fanie Demeule»
- Ophélie Langlois. «“Brûler et partir en fumée”: la symbolique du feu dans Visage de feu de Marius von Mayenburg»
Séance - Discours prophétiques ou vérités parallèles?
- Simon Dansereau-Laberge. «Utopie et uchronie, la contrefactualité dans le roman Écotopia d'Ernest Callenbach»
- Jean-Philippe Lamarche. «Trump Makes Literature Great Again!: entre l’œuvre prémonitoire d’Ingersoll Lockwood et les voyages temporels de Donald J. Trump»
Trump Makes Literature Great Again!: entre l’œuvre prémonitoire d’Ingersoll Lockwood et les voyages temporels de Donald J. Trump«En 2016, Pierre Bayard a publié un essai sous le titre pour le moins intriguant, Le Titanic fera naufrage. Dans ce dernier, Bayard suggère que certains œuvres fictionnelles semblent anticiper des évènements historiques avant même que ceux-ci ne se déroulent.» Jean-Philippe Lamarche s'aventure dans cette voie: il propose ici une lecture de trois romans d'Ingersoll Lockwood qui indique que l'auteur aurait prédit, entre autres, la présidence de Donald J.Trump. |
Utopie et uchronie, la contrefactualité dans le roman «Écotopia» d'Ernest CallenbachPeut-on qualifier le roman Écotopia d’Ernest Callenbach de première uchronie écologiste? Simon Danserau-Laberge propose «une nouvelle interprétation» permettant «une compréhension différente de l’impact de ce récit sur l’écologie et l’action politique.» |
«Brûler et partir en fumée»: la symbolique du feu dans «Visage de feu» de Marius von Mayenburg«Depuis les années 1980, la production dramaturgique allemande se démarque par une vision apocalyptique de la société. Cette vision pessimiste de l’avenir persiste dans les productions théâtrales des années 1990 en Allemagne.» Ophélie Langlois propose une étude de la pièce Visage de feu, créée en 1997 par le dramaturge allemand Marius von Mayenburg, qui illustre bien cette continuation. |
«Si je parle, je m’invente.» Parole féminine, mensonge et performativité dans le roman «Roux clair naturel» de Fanie DemeuleMarion Gingras-Gagné propose une communication qui se divise en deux parties. D’abord, elle introduit «diverses figures de menteuses» et, à partir de celles-ci, propose «des avenues théoriques afin de dresser un portrait général des questions» qui traversent sa thèse. Puis, la participante nous présente une étude de cas, celle de la menteuse dans le roman Roux clair naturel de Fanie Demeule. Elle tente ainsi «de mettre en évidence certaines idées reliées aux concepts de prise de pouvoir et d’agentivité.» |
«Égarer le lecteur» comme on envoie les naïfs «se noyer au couchant». Présences de l'alchimie dans «La Réfutation majeure» de Pierre Senges«La Réfutation majeure est un texte présenté comme la version française, établie en 2004, d’un texte attribué à Antonio de Guevera (1480-1548), qui était le confesseur et le conseiller de l’empereur Charles Quint. |
Avoir le dernier mot: problématiques de la vérité fictionnelle dans la «Troisième Continuation du Conte du Graal»Justine Robidas présente quelques-unes des «stratégies narratives et énonciatives» utilisées par Manessier, auteur de la Troisième Continuation du Conte de Graal (1225), «dans le but de montrer la préséance de sa version du fait fictionnel sur les autres versions possibles et la production d’une propre vérité fictionnelle qui consacre la fin des aventures de Perceval.» |