Colloque
Université de Montréal

Figures de l'immortel(le)

Jeudi 27 Avril 2017 - Vendredi 28 Avril 2017

 

Présentation du colloque

Le colloque Figures de l'immortel(le), organisé par Sophie Horth, Marie Levesque et la Revue Post-Scriptum, s'est tenu les 27 et 28 avril 2017 au Carrefour des arts et des sciences de l'Université de Montréal. 

La mort est une peur indissociable de la conscience humaine. Pour plusieurs, c’est la certitude de ce destin qui caractérise l’humanité. Nous n’avons qu’à penser à Asclépios, médecin fils d’Apollon qui, grâce à ses pouvoirs, était parvenu, selon le mythe, non seulement à guérir tous les maux humains, mais était sur le point de pouvoir ressusciter les morts. Zeus, en apprenant la nouvelle, se mit en colère et détruit Asclépios, puisqu’en voulant permettre aux humains d’être immortels, Asclépios les élevait, les déifiait, les dénaturait.

La mortalité serait donc une composante essentielle de la nature humaine. L’immortalité, quant à elle, est le plus souvent associée au surnaturel, comme avec la figure du vampire ou celle des autres morts-vivants. Outre le folklore, nous retrouvons également de manière plus récente l’arrivée de nouvelles figures immortelles, comme notamment les intelligences artificielles ou encore simplement le prolongement, grâce aux progrès de la médecine contemporaine, de l’espérance de vie, qui fait naître un certain espoir de vie éternelle, sans pour autant l’atteindre.

Comme le soulignait Georges Bataille dans L’érotisme, «la mort de l’un est corrélative de la naissance de l’autre, qu’elle annonce et dont elle est la condition. La vie est toujours un produit de la décomposition de la vie.» (p. 58) Vie et mort sont donc toujours intrinsèquement liées, malgré le fait que la mort et ses cadavres suscitent chez l’être humain un sentiment de dégoût. Julia Kristeva suit la même ligne de pensée dans Pouvoirs de l’horreur en disant que «le cadavre […] est le comble de l’abjection.» De plus, elle souligne que ce n’est pas un manque de propreté ou de santé qui rend abject, mais bien «ce qui perturbe un système, une identité, un ordre. Ce qui ne respecte pas les limites, les places, les règles. L’entre-deux, l’ambigu, le mixte.» (pp. 11-12) Il n’est donc pas surprenant de voir apparaître en littérature, entre autres, des figures qui se placent dans cet entre-deux, entre-deux qui fait surgir, au final, un rapport au réel entre la mort et l’immortalité. Depuis les essais de Kristeva et de Bataille, les réflexions sur la question de l’immortalité s’étendent à de nouveaux genres littéraires, de nouvelles considérations artistiques et philosophiques, témoins de la contemporanéité.

Ce colloque a pour but d’étudier l’influence de la mort et de l’immortalité sur le rapport au réel dans la littérature. 

 

Programme du colloque

Cliquez sur le titre d'une communication pour accéder à l'archive audio/vidéo.

 

Conférence d'ouverture

Jean-Michel Berthiaume (UQAM). «Personne ne meurt sauf Ben, Jason et Bucky. Comment rester mort dans les fictions superhéroiques américaines?»

 

Séance - Le texte et la trace

 

Séance - Corps immortels en mutation

 

Séance - Temps relatif(s)

 

Conférence d'honneur

Maureen-Claude Laperrière (Université du Québec à Trois-Rivières). «Undead and Undying: the Eternal Among Us»

 

Séance - Lecteurs(trices) et interprétation(s)

 

Séance - Vivre éternellement, mais encore?

 

Organisation du colloque

Sophie Horth est doctorante en études littéraires à l'Université du Québec à Montréal. Elle s'intéresse particulièrement à la philosophie, à la rhétorique et à la représentation de la science en fiction. Elle collabore avec la revue numérique Pop en stock.

Marie Levesque est doctorante en littérature comparée à l’Université de Montréal. Ses intérêts de recherche principaux sont les études du genre, la littérature vampirique, les études féministes et la culture populaire. Elle est également membre de la revue Post-Scriptum et collaboratrice à l’Artichaut Magazine.

Revue Post-Scriptum est une revue littéraire numérique qui publie, sur une base trimestrielle, des articles à teneur scientifique, s’inscrivant dans un cadre académique et universitaire. Elle est gérée par des étudiantes et étudiants des cycles supérieurs, majoritairement en littérature comparée à l’Université de Montréal. Elle vise une approche critique et théorique portant sur de multiples aspects de la pensée littéraire. Étant donné la multiplicité et la diversité des approches offertes par la littérature comparée, l’orientation intellectuelle de la revue n’est pas définie par une liste exhaustive de champs d’intérêts. Plutôt, la revue vise à offrir une plateforme pour explorer les nombreuses façons d’aborder le littéraire, de façon transdisciplinaire et intermédiatique par exemple, mais sans s’y restreindre.

 

Pour citer ce document:
Horth, Sophie, Marie Levesque et Revue Post-Scriptum, (org.). 2017. Figures de l'immortel(le). Colloque organisé par Revue Post-Scriptum. Montréal, Université de Montréal, 27 et 28 avril 2017. Document vidéo. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/evenements/figures-de-limmortelle>. Consulté le 1 mai 2023.

De soulier(s) et de cendres. Cendrillon comme représentation de l’immortalité du conte dans l’imaginaire social contemporain

Selon moi, l’immortalité du conte de Cendrillon serait à être envisagée à la fois dans sa fixité, la fixité de sa forme, et sa non-fixité. Je m’explique: la question de l’immortalité ne peut se concevoir sans prendre en compte sa mise à l’écrit par Perrault qui a permis au conte de traverser les siècles jusqu’à nous. Cependant, si la forme fixe du conte a permis son passage à la postérité, c’est surtout, selon moi, c’est surtout sa multiplicité et sa malléabilité qui ont permis à l’oeuvre de perdurer, notamment par sa réécriture.

My Immortal: rapports de pouvoirs et enseignements auprès de l’être éternel dans la fantasy jeunesse

Depuis le Edward Cullen de Twilight, il est devenu un classique que l’héroïne des fictions jeune adulte s’entiche d’un garçon d’une espèce surnaturelle. Qu’il soit vampire, elfe ou d’origine angélique, celui-ci possède une caractéristique somme toute invariable: il a une longévité infinie.

Undead and Undying: the Eternal Among Us

Nothing we do, think or feel and transmit in our publications is for naught. Ours, however, is a satisfaction that, more often than not, will come at a latter date. We must carry proudly our standard of the immortal, of the undead, knowing that our craft, which is our vehicle for our ideas and contributions to this life, is far from an eerie, insubstantial nuage à être pelleté

«I want more life»: Incursion dans la notion d’immortalité chez Philip K. Dick

Je vais vous parler des notions d’immortalité et de transcendance dans l’univers romanesque de Philip K. Dick, particulièrement à travers deux romans: Do Androids Dream of Electric Sheep?, le roman qui a inspiré le film Blade Runner, et Scanner Darkly. Dans le cadre de ce colloque, plutôt que de vous parler de figures directement immortelles, je vous propose d’explorer la question de la quête de transcendance des personnages de Philip K. Dick que j’associe à cette idée d’immortalité.

Supergods. Les superhéros mooriens

La question de la rupture est fondamentale chez les trois supergods, car si l’immortalité est un vieux rêve de l’humanité, quel immortel doté de tels pouvoirs voudrait vraiment évoluer aux côtés d’êtres aussi problématiques et imparfaits que nous? Je ne vais que citer les injustices sociales et culturelles et les problèmes environnementaux actuels.

S’immortaliser par l’art: entre l’éternité du monument et l’intensité de l’instant

Ce que je me propose de faire est d’interroger la pertinence ou ce qu’est véritablement le projet des biotechnologies à l’aune de ce que j’appellerais une double option éthique qui est présente dans le roman du Portrait de Dorian Gray. Je vais faire référence d’emblée, en introduction, à une scène importante du roman qui est au chapitre trois.

«Edge of Tomorrow» et le temps vidéoludique. Immortalité des protagonistes de jeux vidéo

Edge of Tomorrow explicite au sein de son univers des principes de mort et de résurrection propres à certains types de jeux vidéo: boucle temporelle dont les conditions d’existence sont reliées à l’échec ou au succès de la mission; utilisation de cette immortalité relative pour s’entraîner afin de mieux parvenir à affronter un boss final dont la chute signifie la victoire totale et immédiate.

La greffe de tête comme tremplin vers l’immortalité

Le neurochirurgien Sergio Canavero, qui promet une première greffe de tête humaine d'ici à la fin de 2017, ne cache pas du tout sa soif d’immortalité. Cette soif d'immortalité a même fait son chemin jusqu’au titre des deux principaux livres de vulgarisation qu’il a publiés depuis 2013. Elle s’est aussi faufilé ailleurs dans ses travaux, parfois de façon plus subtile, comme nous le verrons.

The ethics of (im)mortality: technology and the post-human body in "Fringe" and "Terminator: Salvation"

Mortality is an essential component of human nature. Yet, literature, films and other forms of popular culture are replete with examples of figures who occupy liminal spaces. Such as the space between life and death. And they thus challenge the very nature of these boundaries which they transgress. 

(Im)mortalité des personnages et du dispositif sériel, de Marivaux à David Lynch

Dans les nombreux ouvrages consacrés actuellement aux téléséries, une place relativement faible est généralement accordée à l’histoire plus ancienne de la narration sérielle ou différée, c’est-à-dire ce qui dans l’histoire littéraire ou culturelle a été produit non sous la forme d’œuvres closes et autosuffisantes, mais en épisodes s’étalant dans le temps, parfois sur plusieurs années. Mon pari est d’analyser une télésérie, Twin Peaks en l’occurrence, en se penchant sur ces éléments plus anciens.

“The Girl from Nowhere, The Zero”: Gender Neutrality, Identity, Corporeality, and Language in Justin Cronin’s The Passage

Vampirism always never implies something which goes above and beyond the eminent world. The immortality inherent to the figure of the vampire places the creature in a in-between realm, since they live both in and outside society. This liminal status therefore creates a neutral space, making the vampire a potent figuration of the concept of neutrality. In the same vein, the figure of the vampire challenges ideals of identity, especially in terms of gender and sexuality.