Colloque
Université du Québec à Montréal

Imaginaires de la prédation

Mardi 24 Mai 2016 - Mercredi 25 Mai 2016

 

Présentation du colloque

Le 25 mai 2016, à l'Université du Québec à Montréal, s'est tenu le colloque Imaginaires de la prédation organisé par Véronique Cnockaert et Alexis Lussier.

Certaines expressions comme «se mettre en chasse» ou «être en chasse», voire «draguer» c’est-à-dire littéralement «pêcher au filet», laissent entendre qu’au sein de la relation amoureuse ou sexuelle se dessine un scénario cynégétique qui implique de façon plus ou moins directe le motif de la prédation; comme si l’expression du désir  nous situait d’emblée sous le thème de la chasse que masque de nos jours le vocabulaire plus anodin et peut-être plus abstrait du dispositif amoureux, sentimental ou sexuel. Or, le discours amoureux qui fait appel à l’imaginaire de la prédation renoue à certains égards avec les relations plus anciennes qu’entretenaient la chasse et la politique ; la première étant depuis le Moyen Âge la métaphore de la seconde, et plus spécifiquement de la guerre. On ne s’étonnera donc pas que la littérature d’hier et d’aujourd’hui —et pas seulement les récits de chasse—, abonde d’intrigues amoureuses qui puisent dans l’univers de la chasse tant l’expression d’un certain rapport à l’autre (considéré comme un objet de désir à posséder ou à abattre) qu’une manière de ressaisir les rapports entre la vie amoureuse et les violences politiques. À cet égard, la liste est impressionnante. Combien de fois n’a-t-on pas fait du récit de chasse une allégorie des rapports amoureux? Combien de fois n’a-t-on pas ressaisi une scène historique ou politique sur une scène privée et fantasmatique où l’érotisme se noue au destin des nations?

Ce colloque voudrait saisir comment la littérature et les arts s’arrangent pour représenter un comportement considéré longtemps par nos sociétés comme un modèle de conquête et d’expression de soi, comportement jugé déplacé, violent, voire dangereux dès lors que le prédateur est placé de facto du côté de la perversion. Or, l’imaginaire de la prédation ne cesse de rendre compte de l’ambiguïté de la relation qu’elle implique. Parmi d’autres, l’ambiguïté qui s’impose relève tantôt de l’issue de l’intrigue —entre la célébration de la proie conquise et sa destruction— que du caractère imprévisible de son déroulement. En effet, nombreux sont les scénarios de chasse où la cible s’avère tout autre que ce que l’on croyait tout d’abord viser au travers de la proie. Tantôt c’est le trait qui dévie de sa trajectoire et qui emporte le prédateur dans une suite d’événements aux conséquences inattendues; tantôt c’est le prédateur qui s’atteint lui-même au travers de la proie et périt, change, se métamorphose du fait de son propre désir.

 

Programme du colloque

Cliquez sur le titre d'une communication pour accéder à l'archive audio.

Christian Guay-Poliquin. «Art pariétal, chasse et récit: La Scène du puits des Grottes de Lascaux»

Yoann Dumel-Vaillot. «Le tour joué à la dame de Paris (Pantagruel, chap XXII): une superposition d'images entre désir érotique, violence cynégétique et conquête guerrière?»

Véronique Cnockaert. «Chasser cette chose que nous ne saurions voir. Lecture cynégétique du Chef-d'oeuvre inconnu de Balzac»

Laurence Pelletier. «Traquer la fiction: une érotique de l'écriture dans La peur du lendemain de Christine Angot» [Communication non disponible]

Thomas Carrier-Lafleur. «L'oeil dévore: Prédation, dandysme et esthétique publicitaire dans Les amours imaginaires de Xavier Dolan» [Communication non disponible]

Hervé Castanet. «Barbey d'Aurevilly avec Lacan: Don Juan, prédation ou comptage? À propos de la nouvelle "Le Plus Bel Amour de Don Juan"»

Louis-Daniel Godin-Ouimet. «Les étranges corridas d'Hervé Guibert: à propos des infanteros»

Anne Béraud. «Marié avec la Madone» [Communication non disponible]

Alexis Lussier. «Lacan, la mante et le rat: Apologue pour l'imagination de l'angoisse»

 

Organisation du colloque

Véronique Cnockaert est directrice de FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Elle est professeure au Département d’Études littéraires de l’Université du Québec à Montréal et co-fondatrice du LEAL (UQAM/Figura). Spécialiste de l’œuvre de Zola et du Naturalisme, elle a commenté Au Bonheur des Dames, dans la collection Foliothèque chez Gallimard en 2007, elle a publié Émile Zola. Les Inachevés. Une poétique de l’adolescence aux Éditions XYZ/ Presses universitaires de Vincennes en 2003; elle a aussi dirigé les Actes du colloque Émile Zola. Mémoire et Sensations aux Éditions XYZ en 2008. Elle s’intéresse également aux rapports entre littérature et anthropologie. Elle a publié en collaboration avec Marie Scarpa et Jean-Marie Privat (univ. Paul-Verlaine de Metz) Anthologie de l’ethnocritique (Presses universitaires de Québec, collection «Approches de l’imaginaire», sous la dir. de Rachel Bouvet & Bertrand Gervais, 2011).

Alexis Lussier est professeur au département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. Il est chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, et collaborateur au programme de recherche RADICAL (Repères pour une articulation des dimensions culturelles, artistiques et littéraires de l’imaginaire contemporain). Il est spécialiste de l’œuvre de Jean Genet et enseigne et développe une pensée de l’image dans le champ ouvert par la psychanalyse, entre imaginaire et dispositif pulsionnel, écriture et perversion, photographie et inconscient. Il développe un programme de recherche intitulé Image et inconscient 1: Le regard et la proie sur la figure de la prédation comme modalité visuelle de l’imaginaire.

 

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Pour citer ce document:
Cnockaert, Véronique et Alexis Lussier, (org.). 2016. Imaginaires de la prédation. Colloque organisé par Figura, le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire. Montréal, Université du Québec à Montréal, 25 mai 2016. Documents audio. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/evenements/imaginaires-de-la-predation>. Consulté le 1 mai 2023.

Les étranges corridas d'Hervé Guibert: à propos des «infanteros»

La manière dont la figure de l’enfance se déploie dans l’œuvre d’Hervé Guibert convoque les multiples versants de l’expression «désir d’enfant». La psychanalyse l’a quelquefois souligné, l’équivoque provoque par le génitif —le d’ dans l’expression «désir d’enfant»— traduit bien la proximité des différents versants de ce désir qui ne sont pas antinomiques sur le plan psychique, bien qu’ils le soient sur le plan social.