Université du Québec à Montréal

With Boots

La posture indigeste

Ces dernières semaines, j’ai beaucoup travaillé à mettre de l’ordre dans mes idées pour les tables rondes de l’OIC, prévues les 13 et 20 avril prochains. En m’amusant avec les notions de jeu, d’intertextualité, de plagiat, de pastiche, de posture d’auteur et de «mauvais genre», j’en suis venue à me poser la question suivante: Comment [le littéraire dans sa forme actuelle - à défaut d’une meilleure expression] s’accommode-t-il de la posture néo-hipster?

Attaque des bucherons et revenance des Dharma Bums

Avec un vieil ami, je suis allée tout récemment traîner Au Grillon, situé sur la rue Sainte-Catherine en face de la station de métro Papineau. Le serveur à l’accueil avait une barbe fournie et bien entretenue et portait une chemise à carreaux, les cheveux coiffés sur le côté à la mode des années 1950. Dans la salle, au moins trois autres jeunes hommes arboraient un style similaire: barbe, cheveux sur le côté, chemise à carreaux. Rien à voir avec le grunge, toutefois. Ici, la chemise est bien coupée et se porte propre, sagement rentrée dans la ceinture du pantalon.

Jimmy Fazzino et la fonction de manifeste

Dans une communication intitulée «The Impossible Manifesto: Tracing the Manifesto Form through Avant-Garde and Beat Writing» présentée lors du Beat Generation Symposium de 2008 (Columbia College, Chicago, 10 et 11 octobre), Jimmy Fazzino explorait les implications de la performativité derridienne dans un contexte d’avant-garde. Je ne reprendrai pas ici toute sa démonstration (son texte peut être consulté en ligne au http://www3.wooster.edu/beatstudies/pdfs/symposium_2008/impossible.pdf), mais deux idées me semblent particulièrement intéressantes pour réfléchir en parallèle au mouvement néo-hipster/néo-beat actuel.

De l’imaginaire de la défaite annoncée

Après avoir lu six ou sept articles sur l’identité hipster - pas seulement celle du tournant des années 1950, qui se confond avec l’histoire de la beat generation, mais aussi celle de la jeunesse cool contemporaine telle qu’on la retrouve dans le Mile End -, l’envie m’est venue de mettre côte-à-côte des passages choisis tirés de certains de ces articles: ceux de John Clellon Holmes, de Norman Mailer et de Jack Kerouac d’une part (des «articles de fond» destinés aux grands magazines entre 1952 et 1958 - New York Times Magazine, Dissent, Esquire), et un texte de l’auteur canadien Douglas Haddow paru en 2008 de l’autre.

En guise d'introduction

"With boots"... Référence à une obscure citation de William S. Burroughs, lue quelque part au hasard. Un journaliste lui avait demandé ce que voulait dire "cool", et ce qui pouvait être considéré comme l'étant. Burroughs avait répondu: "Everything with boots" (ou "Everything that wears boots", je ne me souviens plus très bien). Il avait ensuite ajouté que si vous ne saisissiez pas ce qu'il voulait dire, c'est que cool, vous ne l'étiez pas.