Duras a entretenu avec le cinéma une relation obstinée. Cette relation est nourrie par un commentaire constant qui constitue sans doute, et de loin, la plus formidable critique jamais proférée à l’endroit du cinéma, si ce n’est l’une des plus violentes. Je m’intéresserai à cet insistant commentaire qui repose sur une expérience de l’image, de son impuissance déclarée et de son inadéquation au corps parlant. Si le cinéma de Duras a été très bien analysé sur ce plan où la représentation est reconnue comme négativité, je voudrais pour ma part montrer la nécessité, pour Duras, de l’«image» filmique, de sa matérialité définitive, pour interroger la fonction de l’interdit dans cette œuvre filmique. Interdit de l’image qui ne revendique pas pour autant son absence proprement dite, mais exige, au contraire, en permanence, sa concrétude, sa «présence», cette apparition qui la définit dans le champ visuel.
OBSERVATOIRE DE L'IMAGINAIRE CONTEMPORAIN