Dans leur singularité, les films de Marguerite Duras interrogent la notion de l’image et la place accordée au texte, bouleversent littéralement les codes de la représentation à l’écran. Si les échappées vers son cinéma se sont faites discrètes au sein de la critique, ce colloque propose de lui accorder toute sa place afin de jeter un autre éclairage engageant nos rapports à l’œuvre textuelle, mais aussi, plus globalement, à l’imaginaire.
Organisé par Caroline Proulx et Sylvano Santini dans le cadre de Figura, Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, UQAM, avec le soutien de l'équipe de recherche ERIC LINT de l'UQAM et de la Société Internationale Marguerite Duras.
Mot d'introduction
Programme du colloque
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- Jean Pierre Ceton (écrivain-cinéaste). «L’écriture de la littérature»
- Christophe Meurée. «L’image apocalyptique»
- Caroline Proulx. «L’ombilic du soleil»
- Hamida Drissi. «Marguerite Duras cinéaste: vers une poétique du vide»
- Catherine Dhavernas. «Le meurtre du cinéma»
- Anne Élaine Cliche. «L’interdit que je me pose, le film»
- Alice Delmotte. «Duras textes et cinéma : ou comment creuser encore dans le signe»
- Lou Merciecca. «Par le film, revenir toujours à l’écrit»
- Florence de Chalonge. «Le livre du film (Nathalie Granger suivi de La Femme du Gange, Le Camion, Le Navire Night et autres textes)» [Communication non disponible]
- Suk Hee Joo. «La mort du jeune aviateur anglais: un film du "presque rien"» [Communication non disponible]
- Julie Beaulieu. «Virtualités à l’oeuvre dans le cinéma de Marguerite Duras»
- Michelle Royer. «Le spectateur face au bruissement sonore des films de Marguerite Duras et à ses images»
- Liz Groff. «Agatha et l’espace quelconque»
- Olivier Ammour-Mayeur. «Des pierres et du vent. C’est la nouvelle situation politique de l’homme. Esthétique et politique de la "chambre noire" dans Le Camion»
- Jean Cléder. «"Au centuple l’espace du livre". sur la refondation d’une économie de l’imaginaire cinématographique»
- Nathalie Segeral. «India Song: oeuvre d’art totale?»
- Maurício Ayer. «Les mains négatives ou le cinéma de l’ombre»
- Catherine Gottesman. «Le jour bleu de minuit: des images aux textes»
- Cécile Hanania. «De l’écran à l’écrit: portraits d’actrices chez Marguerite Duras»
- Dominique Villeneuve. «De l’inframince dans le cinéma de Marguerite Duras»
- Françoise Barbé-Petit. «De La nuit du chasseur à l’écran noir durassien» [Communication non disponible]
- Sylvano Santini. «Mot de clôture»
Organisation du colloque et comité scientifique
Cécile Hanania est professeure de français à la Western Washington University. Elle est l'auteure du texte Once Upon a Time in Hollywood: Cinematic References in Marguerite Duras's Texts dans l'ouvrage collectif In the Dark Room: Marguerite Duras and Cinema.
Christophe Meurée est docteur en langues et lettres diplomé de l’Université catholique de Louvain (Belgique). Christophe Meurée a été assistant dans cette même université durant sept ans. Il a effectué, durant l’année académique 2010-2011, un stage post-doctoral auprès du centre de recherche Figura à l’UQAM.
Caroline Proulx est professeure au département d'arts et lettres du CÉGEP Ahuntsic.
Michelle Royer est professeure à l'Université de Sydney. Ses aires de recherche sont Margueritte Duras, le cinéma français et international ainsi que la théorie féministe du cinéma.
Sylvano Santini est professeur au département d’études littéraires de l’UQAM où il enseigne la sémiologie tardive à partir des Grecs. Chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, il s'intéresse présentement à la relation performative de la littérature au cinéma dans le cadre des activités du projet-équipe RADICAL (Repères pour une articulation des dimensions culturelles, artistiques et littéraires de l’imaginaire contemporain).
Marguerite Duras cinéaste: vers une poétique du videMarguerite Duras affirme qu’elle est devenue cinéaste par «dégoût» des films que l’on avait faits à partir de ses romans. Cette affirmation exprime une volonté nette de se distinguer du cinéma ordinaire pour faire un autre cinéma. Un cinéma de l’absence, radicalement différent, qui met en scène, dans un décor désaffecté et habité par la parole, l’exténuation de toute présence et la virtualité de toute représentation du réel. |
Le meurtre du cinémaDans cette communication je propose d’explorer la question du meurtre du cinéma revendiqué par Marguerite Duras à partir d’exemples qui témoignent d’une tentative chez elle d’affranchir la pratique cinématographique des éléments qui, selon Duras, entravaient l’essentiel, à savoir le rapport à la parole. |
L'interdit que je me pose, le filmDuras a entretenu avec le cinéma une relation obstinée. Cette relation est nourrie par un commentaire constant qui constitue sans doute, et de loin, la plus formidable critique jamais proférée à l’endroit du cinéma, si ce n’est l’une des plus violentes. Je m’intéresserai à cet insistant commentaire qui repose sur une expérience de l’image, de son impuissance déclarée et de son inadéquation au corps parlant. |
Duras textes et cinéma: ou comment creuser encore le signeL’objet de cette communication sera de montrer la profonde affinité, la continuité, entre les recherches filmiques entreprises par Marguerite Duras dès Hiroshima mon amour et son travail littéraire, qu’il soit parallèle ou postérieur. Jusqu’à la fin, les deux écritures –de l’image, du texte– furent indissociables. Et, pour ce, le travail du scénario et des dialogues sera abordé de manière privilégiée, de même que la notion de blanc, de hors-champ, de silence. |
Par le film, revenir toujours à l'écritIl y a dans tout film, selon Marguerite Duras, un «livre occulté». C’est donc par l’intrication et la confrontation de ces deux moments de la création —le livre/le film— que Marguerite Duras parvient à saisir la nature de l’écriture. Le film est toujours un maillon de la création qu’il vienne avant ou après le texte, et selon les principes de la poétique durassienne de l’ombre interne, il n’existe que pour être oublié, nié et dépassé. |
Virtualités à l'oeuvre dans le cinéma de Marguerite DurasDans cette communication, je m’intéresserai à l’apport du virtuel dans Le Camion (1977). Selon Gilles Deleuze, une perception équivaut à une particule: «[…] une perception actuelle s’entoure d’une nébulosité d’images virtuelles qui se distribuent sur des circuits mouvants de plus en plus éloignés, de plus en plus larges, qui se font et se défont». C’est dire que les images virtuelles «rebondissent» comme des particules sur l’actuel. |
Le spectateur face au bruissement des films de Marguerite Duras et à ses imagesEntre le spectateur et le film se tissent des vibrations sensorielles qui permettent de faire l’expérience réelle de ce qui se déroule à l’écran. |
«Agatha» et l'espace quelconqueComme le titre du film, Agatha et les lectures illimitées, le suggère, les images résistent à toute détermination. |
Des pierres et du vent. C'est la nouvelle situation politique de l'homme. Esthétique et politique de la «La chambre noire» dans «Le Camion»Vingt minutes après le début du Camion (1977), G. D. demande à M. D.: «Ça finira comment, d’après vous?», ce à quoi M. D. répond en souriant: «C’est peut-être fini». |
«Au centuple l'espace du livre», sur la refondation d'une économie de l'imaginaire cinématographiqueDes propriétés accordées par Marguerite Duras à l’image —rappelées en introduction—, je m’intéresserai dans le cadre de cette intervention à deux traductions particulières. |
«India Song»: oeuvre d'art totale?Dans quelle mesure Duras parvient-elle, avec India Song, à réaliser une Gesamtkunstwerk, une oeuvre d’art totale? |
«Les mains négatives»Pour faire du cinéma, Duras a dû retrouver l’ombre au cœur de l’art de la lumière, cette ombre enceinte d’images où on est lancé par la lecture. |
Le jour bleu de minuit: des images aux textesDans La Pluie d’été et dans Yann Andréa Steiner, quelques phrases poétiques très semblables évoquent l’Arctique, la nuit, la couleur bleue: elles constituent des souvenirs, dont l’intensité émeut fortement le personnage qui les rapporte. |
De l'écran à l'écrit: portraits d'actrices chez DurasMa communication abordera la question de la représentation chez Marguerite Duras, à travers un motif peu étudié de son œuvre écrite: l’actrice (de cinéma). |
De l'inframince dans le cinéma de Marguerite DurasLaurent Mauvignier, a affirmé dans le Monde des Livres «que Marguerite Duras a fait avec les mots ce que Marcel Duchamp avait fait avec une pissotière». |
Mot de clôtureOn s'était donné comme objectif de re-interogger le cinéma de Duras à partir d'une table rase. Ce que j'ai trouvé très riche, c'est cette interrogation de l'image, du texte et des relations texte-image. C'est quelque chose de continu, une interrogation en work in progress. |
L'écriture de la littératureSavoir pourquoi Marguerite Duras était revenue à l'écriture à la fin des années 1970 («Le retour au pays natal») ne peut répondre à la question de pourquoi elle avait quitté l'écrit pour passer au cinéma dans les années 1960/1970. Son assertion: «je fais des films pour occuper mon temps» n'est pas très éloignée de celle-ci: «dans la solitude, je n'avais rien d'autre à faire qu'écrire». |
L'image apocalyptiqueL’aspect apocalyptique du cinéma de Duras doit être interrogé non au départ de sa réflexion politique littéraire mais à l’aune d’un pouvoir qu’elle accorde singulièrement à l’image. Duras n’a jamais déclaré un livre raté. Par contre, de son propre aveu, son cinéma est un ensemble de films ratés, ce qui n’empêche pas l’écrivain de les donner à voir. L’apocalypse du cinéma durassien est thématique, mais elle est également structurelle, conditionnée par le matériau: l’image est apocalyptique. |
L'ombilic du soleilL’œuvre de Duras —filmique, textuelle, théâtrale— est ce que l’on peut concevoir comme une écriture du réel. C’est, en effet, à partir de l’impossible que se construit la représentation qui correspond au corps poétique fragmenté, ce que l’on retrouve mis en son et en images dans les productions cinématographiques. |