Colloque
Université du Québec à Montréal
RADICAL

Le Cinéma de Marguerite Duras: l'autre scène du littéraire?

Jeudi 6 Septembre 2012 - Samedi 8 Septembre 2012

Dans leur singularité, les films de Marguerite Duras interrogent la notion de l’image et la place accordée au texte, bouleversent littéralement les codes de la représentation à l’écran. Si les échappées vers son cinéma se sont faites discrètes au sein de la critique, ce colloque propose de lui accorder toute sa place afin de jeter un autre éclairage engageant nos rapports à l’œuvre textuelle, mais aussi, plus globalement, à l’imaginaire.

Organisé par Caroline Proulx et Sylvano Santini dans le cadre de Figura, Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, UQAM, avec le soutien de l'équipe de recherche ERIC LINT de l'UQAM et de la Société Internationale Marguerite Duras.

 

Mot d'introduction

 

Programme du colloque

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Organisation du colloque et comité scientifique

Cécile Hanania est professeure de français à la Western Washington University. Elle est l'auteure du texte Once Upon a Time in Hollywood: Cinematic References in Marguerite Duras's Texts dans l'ouvrage collectif In the Dark Room: Marguerite Duras and Cinema.

Christophe Meurée est docteur en langues et lettres diplomé de l’Université catholique de Louvain (Belgique). Christophe Meurée a été assistant dans cette même université durant sept ans. Il a effectué, durant l’année académique 2010-2011, un stage post-doctoral auprès du centre de recherche Figura à l’UQAM.

Caroline Proulx est professeure au département d'arts et lettres du CÉGEP Ahuntsic.

Michelle Royer est professeure à l'Université de Sydney. Ses aires de recherche sont Margueritte Duras, le cinéma français et international ainsi que la théorie féministe du cinéma.

Sylvano Santini est professeur au département d’études littéraires de l’UQAM où il enseigne la sémiologie tardive à partir des Grecs. Chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, il s'intéresse présentement à la relation performative de la littérature au cinéma dans le cadre des activités du projet-équipe RADICAL (Repères pour une articulation des dimensions culturelles, artistiques et littéraires de l’imaginaire contemporain).

Pour citer ce document:
Santini, Sylvano, Caroline Proulx et Bertrand Gervais, (org.). 2012. Le cinéma de Marguerite Duras: l'autre scène du littéraire?. Colloque organisé par Figura, Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire. Montréal, Université du Québec à Montréal, 6-8 sept 2012. Document vidéo et audio. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/evenements/le-cinema-de-marguerite-duras-lautre-scene-du-litteraire>. Consulté le 1 mai 2023.

Marguerite Duras cinéaste: vers une poétique du vide

Marguerite Duras affirme qu’elle est devenue cinéaste par «dégoût» des films que l’on avait faits à partir de ses romans. Cette affirmation exprime une volonté nette de se distinguer du cinéma ordinaire pour faire un autre cinéma. Un cinéma de l’absence, radicalement différent, qui met en scène, dans un décor désaffecté et habité par la parole, l’exténuation de toute présence et la virtualité de toute représentation du réel.

Le meurtre du cinéma

Dans cette communication je propose d’explorer la question du meurtre du cinéma revendiqué par Marguerite Duras à partir d’exemples qui témoignent d’une tentative chez elle d’affranchir la pratique cinématographique des éléments qui, selon Duras, entravaient l’essentiel, à savoir le rapport à la parole.

L'interdit que je me pose, le film

Duras a entretenu avec le cinéma une relation obstinée. Cette relation est nourrie par un commentaire constant qui constitue sans doute, et de loin, la plus formidable critique jamais proférée à l’endroit du cinéma, si ce n’est l’une des plus violentes. Je m’intéresserai à cet insistant commentaire qui repose sur une expérience de l’image, de son impuissance déclarée et de son inadéquation au corps parlant. 

Duras textes et cinéma: ou comment creuser encore le signe

L’objet de cette communication sera de montrer la profonde affinité, la continuité, entre les recherches filmiques entreprises par Marguerite Duras dès Hiroshima mon amour et son travail littéraire, qu’il soit parallèle ou postérieur. Jusqu’à la fin, les deux écritures –de l’image, du texte– furent indissociables. Et, pour ce, le travail du scénario et des dialogues sera abordé de manière privilégiée, de même que la notion de blanc, de hors-champ, de silence.

Par le film, revenir toujours à l'écrit

Il y a dans tout film, selon Marguerite Duras, un «livre occulté». C’est donc par l’intrication et la confrontation de ces deux moments de la création —le livre/le film— que Marguerite Duras parvient à saisir la nature de l’écriture. Le film est toujours un maillon de la création qu’il vienne avant ou après le texte, et selon les principes de la poétique durassienne de l’ombre interne, il n’existe que pour être oublié, nié et dépassé.

Virtualités à l'oeuvre dans le cinéma de Marguerite Duras

Dans cette communication, je m’intéresserai à l’apport du virtuel dans Le Camion (1977). Selon Gilles Deleuze, une perception équivaut à une particule: «[…] une perception actuelle s’entoure d’une nébulosité d’images virtuelles qui se distribuent sur des circuits mouvants de plus en plus éloignés, de plus en plus larges, qui se font et se défont». C’est dire que les images virtuelles «rebondissent» comme des particules sur l’actuel.

Mot de clôture

On s'était donné comme objectif de re-interogger le cinéma de Duras à partir d'une table rase. Ce que j'ai trouvé très riche, c'est cette interrogation de l'image, du texte et des relations texte-image. C'est quelque chose de continu, une interrogation en work in progress.

L'écriture de la littérature

Savoir pourquoi Marguerite Duras était revenue à l'écriture à la fin des années 1970 («Le retour au pays natal») ne peut répondre à la question de pourquoi elle avait quitté l'écrit pour passer au cinéma dans les années 1960/1970. Son assertion: «je fais des films pour occuper mon temps» n'est pas très éloignée de celle-ci: «dans la solitude, je n'avais rien d'autre à faire qu'écrire».

L'image apocalyptique

L’aspect apocalyptique du cinéma de Duras doit être interrogé non au départ de sa réflexion politique littéraire mais à l’aune d’un pouvoir qu’elle accorde singulièrement à l’image. Duras n’a jamais déclaré un livre raté. Par contre, de son propre aveu, son cinéma est un ensemble de films ratés, ce qui n’empêche pas l’écrivain de les donner à voir. L’apocalypse du cinéma durassien est thématique, mais elle est également structurelle, conditionnée par le matériau: l’image est apocalyptique.

L'ombilic du soleil

L’œuvre de Duras —filmique, textuelle, théâtrale— est ce que l’on peut concevoir comme une écriture du réel. C’est, en effet, à partir de l’impossible que se construit la représentation qui correspond au corps poétique fragmenté, ce que l’on retrouve mis en son et en images dans les productions cinématographiques.