L’œuvre de Duras —filmique, textuelle, théâtrale— est ce que l’on peut concevoir comme une écriture du réel. C’est, en effet, à partir de l’impossible que se construit la représentation qui correspond au corps poétique fragmenté, ce que l’on retrouve mis en son et en images dans les productions cinématographiques. Le film Jaune le soleil (1971), réalisé à partir du récit Abahn Sabana David (1970), est tout entier consacré à ce qui, du réel, fait particulièrement violence et qui se consigne dans un «lieu» signifiant, témoignant d’une véritable présence spectrale à l’œuvre: Auschwitz. L’ombilic de la représentation semble provenir de cette béance de l’Histoire qui devient non pas seulement un «trou» noir où s’engouffre le sens, mais aussi une lumière aveuglante, que l’on ne voit nulle part dans le film, mais qui irradie dans toutes ses composantes. Jaune le soleil, à l’image des autres films, fait ainsi du cinéma de Duras l’objet singulier qu’il est et lui donne sa raison d’exister au sein d’une œuvre qui n’a plus de preuve à faire sur le plan textuel.
OBSERVATOIRE DE L'IMAGINAIRE CONTEMPORAIN