parole

Lire le malheur des corps et la fragilité de la bonté: une rencontre forcée entre Martha C. Nussbaum et Jacques Rancière

Il y a en théorie littéraire un intérêt certain pour la question du souci d'autrui, dont on affirme l'importance de la parole et de l'expérience. Jacques Rancière propose que l'écriture, en permettant cette attention particulière à la complexité d'existences qui autrement nous échappent, est un acte politique susceptible d'entretenir la souplesse, mais aussi la justesse de nos perceptions. De son côté, la philosophe américaine Martha C. Nussbaum réfléchit aussi à l'expérience intersubjective permise par la littérature, en nourrissant toutefois ses réflexions de l'éthique d'Aristote.

Mixité et filiation: le rapport soeur-frère en littérature contemporaine

La présente étude, mi-théorique, mi-critique, interrogera d’abord la relation sœur-frère traditionnelle dans sa double dimension familiale et sociale, en mettant en lumière ses mécanismes de pouvoir dissimulés mais efficaces, d’autant plus efficaces justement qu’ils échappent à l’attention. Nous verrons dans un premier temps que la relation sœur-frère, au confluent du privé et du collectif, soulève des enjeux politiques: questions de voix, de représentation, de pouvoir. Dans un deuxième temps, nous nous tournerons vers les textes littéraires mettant en scène cette relation: après la présentation d’une série de pistes de lecture, il sera question de deux romans, Au diable vauvert de la Française Maryse Wolinski (2009) et Ce qu’il en reste de la Québécoise Julie Hivon (1999)
Cahiers de l'IREF

Université du Québec à Montréal

Mères et filles de soi(e): filiations tissées, nouées et rompues dans la littérature contemporaine transnationale

Directeur·trice(s):
Bélanger, Jennifer
Huberland, Manon
Lafontaine, Marie-Pier
N° de la publication:
9
2022
L’histoire d’une fille devant sa mère, c’est «pour qui je me prends», mais aussi «pour qui je la prends, elle».

Le mal de mère et ses effets sur l'écriture dans «Crève Maman!» de Mô Singh

Dans cet article, il s’agira de voir en quoi le langage de la fille, marquée par la folie et rejouant la violence qu’use la mère pour exprimer son amour, est altéré par le souvenir maternel et la puissance du discours social: en quoi le langage, donc, porte les traces du traumatisme en alternant entre le «trop peu» et «trop-plein» des mots, là où ils s’épanchent vers le cri. 

La conciliation famille-travail: la maternité comme renaissance dans «Les heures souterraines» de Delphine de Vigan

L’originalité du roman de Vigan réside dans l’assimilation de ce climat oppressant à un état in utero. Si la matrice maternelle est communément présentée comme un lieu de sécurité et de paix dans l’imaginaire collectif, l’autrice choisit de montrer en quoi réduire une femme adulte à un tel confinement constitue une grande violence. Le personnage de Mathilde ne parvient à survivre qu’en se raccrochant à ses enfants. C’est là un investissement de la dimension identitaire de la maternité et du pouvoir que confère ce rôle. 

Chiennes de faïence de mère en fille: les mères gigognes dans «La dévoration des fées» de Catherine Lalonde

Avec «La dévoration des fées», Catherine Lalonde réécrit et reprise. Elle emprunte à Josée Yvon, dont les mots, en exergue ici, annoncent la cinquième et dernière partie de son récit; elle investit les genres du conte et de la légende pour les réinventer. En reprenant en filigrane les écritures de quelques autrices qui la précèdent et qu’elle salue à la toute dernière page de son livre, elle s’inscrit elle-même dans une filiation littéraire, parmi d’autres femmes créatrices. Elle élabore, ce faisant, un langage féminin, qui, dans le texte, prend origine de la mère (Saint-Martin,1999: 302). Porté par une voix de femme («(je parle comme une grand-mère)» (DF, 10), lit-on à la toute première page), le récit s’établit à partir d’une généalogie toute féminine.

Penser au présent. La conférence d'Alain Badiou et de Slavoj Žižek

La pensée apparaît ainsi essentiellement comme une affaire de ruptures. Ces ruptures —des relations impossibles— sont des moments clés de la philosophie. Que l’on conçoive ces ruptures en termes de décisions, d’instants, de paradoxes ou d’événements, le résultat est le même: il s’agit de définir la philosophie comme la discipline qui brise la douce cyclicité du sens. La pensée a nécessairement un début radical, une naissance qui se déterminent par opposition à tout ce qui est autre. La pensée est essentiellement négative et émerge lorsque le sujet décide de se positionner hors de lieux communs. Comme la plupart des textes qu’ont publiés ces auteurs, «Philosophy in the Present» est un plaidoyer pour des philosophies radicales et des politiques révolutionnaires actuelles.

Du silence à l’oubli: étude de cas de la (re)construction filmique de la mémoire des prisonniers politiques franquistes

Solder une dette envers les victimes du franquisme, du moins y contribuer, c’est l’enjeu du documentaire Presos del silencio (2004). Dans ce film, divers témoignages d’espagnols anarchistes et républicains font état d’une expérience sensible de la guerre d’Espagne, de l’exil, de la répression et du silence imposé d’abord par le régime du dictateur Franco puis par une Loi en 1977 (connu comme Pacte de l’oubli).

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