c'était son visage de trop jeune mère, ses yeux bouffis, sa main sur le bébé collé à sa poitrine, le mec qui criait après elle.
c'était dimanche matin.
c'était cet homme qui gémissait sur son perron entouré de ses deux chiens et qui se balançait, la tête cachée entre les jambes.
c'était l'étrange hoquet du vieux-jeune qui m'a montré des sous en me demandant une clope.
c'était là que j'habitais à 20 ans, dézéry/ontario.
c'était le clash, la banlieusarde qui passe le pont, l'universitaire qui sort des murs, qui donne du pain et fait des tresses dans les cheveux sales des petites voisines.
c'était l'envie soudaine de fixer ses cernes dans les vitres beurrées des commerces fermés et de s'avouer une appartenance à la douleur patente, publique, exposée sur les trottoirs jusque sur les cordes à linge.
c'était le sourire contagieux de la mère taille forte sur Ontario avec ses semble-t-il dix-huit enfants.
c'était la démarche Miami Vice du moustachu qui sifflait en donnant deux piasses à la quêteuse de la pharmacie.
c'était de lire l'insurrection sur toutes les surfaces qui pouvaient accueillir des mots.
c'était de marcher en regardant le ciel dans les flaques d'eau.
Commentaires
Soumis par Hochelaga imaginaire le mar, 01/13/2015 - 12:24 Permalien
30 octobre, 2014 - 16:28 —
30 octobre, 2014 - 16:28 — André Carpentier
Le texte, les photos... très inspirant, Chloë!
3 novembre, 2014 - 18:53 — Chloë Rolland
Merci, André! Très inspirant, ce quartier que je redécouvre...
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