à suivre le poète
tu imagines habiter
le trottoir des Amériques
et nunc
tu gis là
dans la marge intérieure
petit fond où vase et vers
se font prendre
loin de la gouttière
*
de bon matin
les petites jumelles
d’en face échangent
un ballon de plage
un premier vendredi d’été
*
tu dis
je traverse la rue
tu penses
j’enjambe le continent
*
scotchée à un poteau
«la révolution a besoin de vous» mais
quand explosent sur le boulevard
des lendemains de veille en robes soleil
un vingt-quatre juin
vous n’y croyez pas
*
rue Sainte-Catherine
on se ravale la façade
devant la vitre brisée
d'un condo
à vendre
*
rue Adam
on revient du dépanneur
avec en mains
un Jeu de mots et trois dollars
en moins
*
dans le monde
en trente-six versements égaux
le vrai est un moment
du faux
*
sur un trottoir
de la table de polissage
une perruche à l'index
est dévorée par une barbe
rousse qui susurre
on passera une belle soirée
*
à la ligne d’arrêt
tu regardes à gauche à droite
à gauche un punk la quarantaine
avancée dans l’ivresse
oscille de gauche à droite
derrière devant
jusqu’à ce que les côtes se râpent
sur un rivet de la rampe que les genoux
croisés les pieds bottés s’enfoncent
dans les marches rognées par les ponques
dans une main tordue et virevoltante
un sac de canettes vides des grelots
sur Bourbonnière
le vent prend dans la crête
rose pousse le corps
sur le bicycle verrouillé
à la rouille de clôture
le lever d’une ligne de raie
au-dessus d’une ceinture de balles
jacket patché
Dead Kennedys et Municipal
Waste cousus de fil blanc
Give Me Convenience OR
The Art of Partying
feu vert
*
ils ont écrit
la sonnette ne marche pas
toquez fort
tu réfléchis
pour que la sonnette marche
il faudrait toker fort
*
dans les ruelles la nuit
tu entends un cliquetis
de couverts
venant des carrés
incandescents
parfois c’est la rumeur
d’une expiation
une haleine passée à tabac
qui te fait tourner la tête
*
un cylindre d’aluminium
roule entre les graminées
d’un stationnement désert
tu erres Boris
sur le bitume
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