Hochelaga, montre-moi tes bébelles. Cabinet de curiosités et brèves poétiques
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elle s’approche et te dit à bout de souffle et sans virgule monsieur Pie-IX monsieur Pie-IX tu lui réponds ne tenir ni du pape ni du mort que tu es tout au plus simple bedeau rue Ontario mais qu’elle trouvera bien un boulevard là-bas vers l’est
*
tu traverses un autre
après-midi de gouttière
au chant des scies
reines du premier au troisième
qui se posent sur la langue
comme des hosties
de cendre
*
ligne de faille rue
La Fontaine
rue Ontario
une vieille serre dans ses bras
un détour me regarde
ce sera drôle tu verras
elle déplace le panneau
d’un quart de tour
et s’en va l’air de dire
tu perdras ton prochain
comme toi-même
jusqu’ici
je n’avais jamais envisagé le labyrinthe
comme machine de deuil et d'amour
*
derrière le screen d’une ruelle
tu devines le crachin
du café sur la langue la piqûre
du goudron sur l’émail
le matin et le silence
pour tout le monde
*
la plupart du temps
il n’y a rien
à dire d’aujourd’hui
quand même tu notes
rue Drouin, des adolescents partagent des Pringles
c’est alors que te reviennent
à suivre le poète
tu imagines habiter
le trottoir des Amériques
et nunc
tu gis là
dans la marge intérieure
petit fond où vase et vers
se font prendre
loin de la gouttière
*
de bon matin
les petites jumelles
d’en face échangent
un ballon de plage
un premier vendredi d’été
*
tu dis
je traverse la rue
tu penses
j’enjambe le continent
*
scotchée à un poteau
«la révolution a besoin de vous» mais
rue Sherbrooke
le soleil se brise
sur les tuyaux à enfouir
l’inscription RU12
tu penses au poète qui
malgré la pinte
ne sera pas de sitôt
mis en bière
*
au bout de l’impasse
Darling, tu vois les toits gris
Lantic les flèches
de St-Clément
les grues blanches et leurs charges
menant vers l’est
par petits paquets
Une odeur d’herbe fraîchement coupée accompagne ta déambulation le long de la rue Notre-Dame. La femme qui conduit le tracteur, porte grande ouverte, accuse à peine ta présence. Ici, à quelques rues de l’appartement, les bandes d’asphalte et de verdure suffisent à te faire sentir ailleurs – tu veux dire : loin. Il aurait suffit du passage d’une outarde, au moment de fermer les yeux, pour te retrouver une vingtaine d’années plus tôt dans un champ – sur le plate.
(Crédits photo: Benoit Bordeleau)
O’shagg mon amour
- Graffiti
De plus en plus, le vide t’avale, cher ami; sur tes écorces
disparaissent les signes, plus rien ne s’y lit à présent.
- Claude Paradis
LIMINAIRE
(Crédits photo: Benoit Bordeleau)
How happy is the
blameless Vestal's lot! The world
forgetting, by the world forgot:
Eternal sunshine of the spotless mind!
Each prayer accepted, and each wish resign'd
- Alexander Pope
Blessed are the forgetful, for they get the better even of their blunders.
- Nietzsche
(Crédits photo: Marc-André Dupaul)
Entre-t-on simplement dans Hochelaga par la porte papillon du métro Préfontaine?
Sur une butte choisie, près de l'édicule. Je suis du regard les mouvements fous des passants qui s'éloignent jusqu'à les perdre de vue. Ils migrent, d'un endroit à l'autre, circulation pressée, en direction de.