rue Sherbrooke
le soleil se brise
sur les tuyaux à enfouir
l’inscription RU12
tu penses au poète qui
malgré la pinte
ne sera pas de sitôt
mis en bière
*
au bout de l’impasse
Darling, tu vois les toits gris
Lantic les flèches
de St-Clément
les grues blanches et leurs charges
menant vers l’est
par petits paquets
au bout de l’impasse
Darling, tu vois
au bas de la côte
défiler des souvenirs divers
crazy carpet
mitaines mouillées
et gencives coupées
sur la clôture Frost
*
tu trouves une botte de foin dans la ruelle
une bale carrée
prononcée comme une fuite à l’anglaise
un train de marchandise
passe le viaduc Ontario
tu le sens dans les rotules dans les paumes
la nuit à genoux
sur l’asphalte
tu trembles et cherches
le bon aiguillage
*
mains sur le ventre
un homme contemple ce qu’il reste
d’une partie de baseball
dans l’estrade on craque
déjà les dernière bières
essuie des mains humides
sur des pantalons de gris et de sable
de l’autre côté de la rue
en face du parc
tu aurais pu
voir l’ancienne usine
celle où l’on fabriquait
ce qu’il faut pour coucher
hommes femmes et enfants
aujourd’hui derrière
la barre de trois étages
tu tiens debout dans les herbes hautes
asphaltes rognés journaux culottes
abandonnées au pied des galeries colorées
vétustes plus le matin approche
charroyant l’odeur du pain
et des croissants jusqu’à la langue
de tes souliers
*
au-dessus des rails
tu observes les phares
connus par cœur
Stade Nativité air de levures château d’eau
bruit blanc du carnet
oublié dans la poche d’une veste
*
au pied de l’escalier
un homme
couvert de trois sacs
de couchage te demande
où il est où il va tu dis
ça dépend ce que tu cherches
Davidson Ontario
c’est dans l’autre sens remonte
d’Orléans puis tourne
à gauche sur Ontario
pour vrai ah bon
merci ben je
me serais perdu sinon
fait que je me retourne
de bord pis je remonte
Ontario non d’Orléans ensuite
à gauche
sur Ontario sur Ontario
jusqu’à Davidson
oui merci ben je
me serais perdu sinon
fait que je me retourne
encore pis tourne
jusqu’à ce que le sommeil
*
assortie à trois chaises
rouille et beige
une bouteille de Wiser’s
sur Bourbonnière
remplie de mégots
et d’orage
*
dans la ruelle la nuit
tu n’entends pas
les pièces
du casse-tête de la fin de mois
dans la cuisine
il n’y a que le murmure
de quelques pièces
des billets peut-être
passés sous la table
si la chance saoule
les enfants n’en sauront rien
croiront que l’on raccommode
les malheurs de prières Fruit Loops
et de mâchoires serrées
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