Contemporary literary questions

Aire de recherche consacrée à la modification ou à la transformation de la perception et de la conception contemporaines d'un fait littéraire.

La beauté bousculée

Œuvre référencée: Beauregard D., Virginie. (2010) «Les heures se trompent de but». Dans un monde saturé d'images, de matériel, de gens, où il y a à peine de place pour soi, la subjectivité demeure une matière précaire. Bien sûr, la poésie procède toujours d'une expression du «je», mais l’écriture de Virginie Beauregard D. dans «Les heures se trompent de but», comme un grand pan de la poésie contemporaine, montre que cette prise de parole ne peut plus s'effectuer à huis clos, même s'il se produit un retour du sujet.

Comme un long striptease

Œuvre référencée: Beigbeder, Frédéric. (2011) «Premier bilan après l'apocalypse». Il est possible d’aborder «Premier bilan après l'apocalypse» par ce qu’il dit de Beigbeder et, par extension, par ce qu’il dit de la littérature, notamment d’une certaine littérature contemporaine. «Premier bilan après l’apocalypse», c’est un long striptease pendant lequel on en apprend tout autant sur Beigbeder que sur les romans qu’il a choisi de faire figurer dans ce grand palmarès.
«Sur les bords inférieur et supérieur des paupières, nous appelons cils l’effilochage d’une couture rompue: ce monde n’est pas fait pour nos yeux» (Éric Chevillard).

Déprime profonde

Œuvre référencée: Zviane. (2010) «Apnée». Aborder le thème de la maladie mentale dans une œuvre d’art est un choix périlleux, parce que cette décision entraîne dans son sillage un paradoxe: traiter d’une affliction mentale par le spectre étroit du rationalisme est sans doute une approche juste eu égard aux implications médicales du sujet abordé, mais peut laisser de côté les aspects émotifs très pénibles corollaires à cette condition. En revanche, la représentation des aléas d’un esprit atteint par le figuré et le symbolique parvient à restituer de manière plus frappante et émouvante l’épreuve que constitue un épisode de maladie mentale.

With Brains and a Frank Tongue

J'emprunte un détour –on l'aura compris, je me sers de cette plateforme uniquement pour tourner autour du pot!– par le roman western True Grit, de Charles Portis, dont les frères Coen ont fait une adaptation en 2010, après celle, plus classique, de Henry Hathaway en 1969. Ayant vu le film des frères Coen en premier, et ayant été particulièrement marqué par le vernaculaire singulier de la protagoniste Mattie Ross, j’étais curieux de voir quelle importance le livre accordait à cet aspect de la narration.

«The Rough Element Predominates»

Parmi les nombreuses figures historiques marquantes qui sont représentées dans la télésérie Deadwood (dont Wil Bill Hickock, Calamity Jane, George Hearst, Wyatt Earp et Charlie Utter sont les plus célèbres), il est presque décevant que le créateur n'ait pas trouvé une petite place pour un certain Samuel Langhorne Clemens. Mieux connu sous le nom de Mark Twain, l'auteur des Adventures of Huckleberry Finn était bien au fait de la vie "rough and rugged" de la conquête de l'Ouest. Je remarque dans Roughing It, le récit autobiographique de son périple d'est en ouest à bord d'une dilligence en 1861, plusieurs éléments de la vie des pionniers dont aurait pu s'inspirer David Milch dans l'écriture de la télésérie. Cela dit, il est vrai que le voyage de Twain précède de quelques dix ans le temps historique de Deadwood.

Le visage de l'histoire

Œuvre référencée: Mavrikakis, Catherine. (2011) «Les derniers jours de Smokey Nelson». Si le Raskolnikov de Dostoïevski, dans «Crime et châtiment», représente le meurtrier qui par son crime et par la conscience de la culpabilité qui en découle réussit à communier, dans le repentir, avec la communauté humaine universelle, si la Thérèse Raquin de Zola représente au contraire celle dont le crime comme la déchéance qui en découle reconduisent la destruction de cette même communauté, Smokey Nelson, pour sa part, est le meurtrier séparé de son crime et sans rapport avec celui-ci, la possibilité d'un tel rapport lui ayant été confisquée.

La défaite de l'autorité

Œuvre référencée: Jelinek, Elfriede. (2003) «Avidité. Roman de divertissement». L'insistance à dévoiler les mécanismes de la transmission narrative permet d’inscrire «Avidité» dans la production contemporaine et ce, malgré les expérimentations formelles si présentes chez Jelinek, qui nous rappellent souvent les écritures des différents regroupements littéraires des années 1950 et 1960 —l’influence du Groupe de Vienne se fait fortement sentir dans ses romans— et qui inscrivent l’œuvre de l’écrivaine autrichienne en opposition avec le retour à la lisibilité fréquemment observé dans la littérature contemporaine.

Le posthumain télévisuel descend-il du singe? (2): questions de méthode et de corpus

Par la nature hybride et la relative nouveauté de leur objet, les études télévisuelles (television studies, television criticism) sont une discipline encore émergente, prise au centre d'une multitude d'autres disciplines déjà établies depuis quelques décennies avec plus ou moins de succès: les études cinématographiques (film studies), les études médiatiques (media studies), les études culturelles (cultural studies et cult studies), la communication, la sémiologie, les études littéraires, etc. Cette pluridisciplinarité s'explique surtout par le contenu extrêmement diversifié du médium télévisuel: de l'information au divertissement, en passant par la fiction narrative, qui est elle-même très formatée par des genres et sous-genres. Mais restons-en aux fictions télévisuelles.

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