Depuis un certain temps, je m’attarde à la révélation des espaces résiduels urbains (friches, zones limitrophes entre le public et le privé, lots vacants, terrain vague, ruines industrielles, etc.) (Lacroix, 2008). Ces lieux, malgré leur connotation négative ou leur condition d’espaces liminaire, participent néanmoins à l’identité de la ville. Ce sont des zones qui offrent une dilatation des usages et fonctions urbaines normalisés et de ce fait, sont des lieux privilégiés pour catalyser des modalités d’occupation différentes au sein de la trame urbaine.
Ma proposition de communication consiste à partager ce que j’ai saisi au fil de mes interventions et recherches, soit l’image représentée (Tisseron, 1997) et les sensorialités engagées (Le Breton, 2001) par ces espaces résiduels. Abordant ainsi autant l'effet de ces lieux que leur représentation physique, il s'agit de considérer ces lieux comme un ensemble plus ou moins homogène et non pas de s’attarder à un lieu spécifique. Car fondamentalement, ce sont ces types d’espaces et les valeurs, impressions et atmosphères qu’ils véhiculent qui nous intéressent ici, et qui ont modelé mon parcours de chercheur créateur. Ces qualités du lieu, qui sont incarnées dans une matérialité saisissable (Norberg-Schulz, 1997), seront pertinentes à questionner. D’une part pour en dresser un portrait, mais surtout pour en comprendre l’effet magnétique qu’ils exercent sur nous (Bachelard, 1992).