En 1857, Flaubert décrit avec Emma Bovary un personnage qui est peut être la première acheteuse compulsive de l’histoire littéraire. Pour Emma, les objets ne cessent d’offrir des promesses toujours neuves, de grands vases de verre bleu à mettre sur la cheminée, un prie-Dieu gothique, de petites pantoufles de couleur grenat avec une touffe de ruban large qui s’étale sur le coup de pied, un foulard de soie algérienne pailleté d’or, même un mobilier de salle à manger entre-aperçu chez le notaire alors qu’Emma est presque ruinée et court après l’argent. Tout cela ouvre, toujours pour Emma, autant d’horizons lumineux vers une vie autre, vers une identité enfin trouvée. Mais, évidemment, il s’agit là d’autant de tromperies qui mènent a la ruine financière et a la faillite et dont les séductions et le fonctionnements se trouvent de la sorte mis-à-plat et objectivés par le texte flaubertien.
OBSERVATOIRE DE L'IMAGINAIRE CONTEMPORAIN