Colloque

Quʼen est-il des fans de Ciné-Cadeau? Étude de la réception comme rituel

Samedi 18 Juin 2016

 

Présentation de la communication

«Depuis plus de 30 ans, Télé-Québec programme Ciné-Cadeau, offrant deux ou trois fois par jour des dessins animés pour enfants durant le temps des fêtes. Alors que, sur 33 stations de télévision, la chaine publique québécoise ne récolte en moyenne que 2,7 % de l’écoute télévisuelle, la présentation des Douze travaux d’Astérix, dans le cadre de Ciné-Cadeau, a retenu l’attention de 624 000 téléspectateurs en 2012. On remarque un réel engouement pour cette programmation, tant et si bien que Télé-Québec a profité de cette période de popularité pour promouvoir son entrée sur les réseaux sociaux. Ce serait, selon un rapport annuel émis par la chaine de télévision, 82 % des jeunes francophones âgés de 2 à 11 ans qui auraient syntonisé Télé-Québec au moins une fois pour l’occasion chaque année. Constatant l’envergure du phénomène, j’ai mené une enquête auprès de plus de 200 répondants pour comprendre la place que tenait Ciné-Cadeau dans l’imaginaire québécois et circonscrire les termes sous-jacents à cette communauté de fans, qui affirment écouter religieusement Ciné-Cadeau.

Pour compléter cette étude, je me suis intéressée à divers commentaires de blogues et à différents articles de journaux portant sur cet objet. Il m’apparait, à plusieurs égards, difficile d’appréhender ce phénomène selon une vision restreinte, ou plus conventionnelle, du fandom, puisque l’intérêt des téléspectateurs de Ciné-Cadeau n’est pas attribué au contenu mais au contenant. Et ce contenant reste, malgré certains classiques, imprévisible et, plus encore, consommable autrement — en d’autres circonstances et sur d’autres plateformes. Il ne s’agit pas de fans d’Astérix ou de Tintin, ou encore d’obscurs films japonais. Ceux-ci ne cherchent pas à prolonger l’univers de leurs fictions préférées (fanart, fan fiction), ils ne sont pas aussi "actifs" que ceux étudiés par Jenkins (1992). Leur passion ne surgit qu’une fois l’an, entre décembre et janvier, où l’on voit partout sur les réseaux sociaux s’afficher les couleurs cinécadeauesques. Je privilégierai donc l’englobante définition de Sandvoss (2005), pour qui l’élément fondamental du fandom est l’implication émotionnelle du consommateur.

L’objectif de ma présentation sera de mettre en lumière, en me basant sur les théories de fan, et plus particulièrement sur les notions de communauté, de rituel et de sacré, les dynamiques particulières opérant au sein de cette communauté de fans, dont le plaisir résulte de l’exécution d’une tradition et du renforcement des liens d’appartenance, sur lesquels a toujours misé Télé-Québec dans ses stratégies markéting. J’axerai ma présentation sur le mode particulier de réception adopté par les fans. En ce sens, je montrerai comment leur plaisir ne relève pas simplement de la nostalgie, et ce, même si le blogue Souvenirs de Ciné-Cadeau a fait bien des heureux cet hiver en proposant en streaming de vieux films élagués de la programmation actuelle, mais d’un rapport très fort au sacré.»

 

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Auteurs et artistes référencés:
Pour citer ce document:
Roussel, Stéphanie. 2016. « Quʼen est-il des fans de Ciné-Cadeau? Étude de la réception comme rituel ». Dans le cadre de Imaginaires, théories et pratiques de la culture populaire contemporaine. Colloque organisé par Pop-en-stock/ Figura, le centre de recherche sur le texte et l'imaginaire. Montréal, Université du Québec à Montréal, 18 juin 2016. Document vidéo. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/communications/quen-est-il-des-fans-de-cine-cadeau-etude-de-la-reception-comme-rituel>. Consulté le 1 mai 2023.
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