Présentation de la communication
Dans sa communication, Juliette Eyméoud étudie comment l’inscription dans des réseaux épistolaires aristocratiques a pu impacter positivement la vie de deux femmes célibataires du XVIIe siècle, Catherine-Françoise de Bretagne (1617-1692) et Henriette de Conflans (1632- 1712). Les demoiselles de Vertus et d’Armentières ne se connaissent pas et ne font pas partie des mêmes cercles: la première s’illustre en défenseuse du jansénisme ; la seconde fraye avec les mondain·es et les précieux·euses.
Pourtant, les deux femmes présentent des trajectoires étrangement similaires: pour pallier leur naissance au sein de familles nobles désargentées, elles deviennent les compagnes à demeure de grandes aristocrates. Cette proximité immédiate et quotidienne explique le développement et l’entretien de correspondances, soit parce qu’elles tiennent lieu de secrétaires (entre-autres tâches), soit parce qu’elles développent des amitiés qui se nourrissent par l’écriture. En conséquence, les vies de Catherine-Françoise et d’Henriette ont été bien moins silencieuses que bon nombre de leurs homologues célibataires: les lettres ont le mérite de laisser des traces et de faire entendre des voix. De plus, les réseaux épistolaires dans lesquels ces demoiselles s’inscrivent, politiques et/ou aristocratiques, ont intéressé la postérité et ont fait l’objet de publications (des décennies voire des siècles plus tard).
Catherine-Françoise de Bretagne et Henriette de Conflans, chacune à leur façon, sont donc sorties de l’ombre de leur vivant, en s’extrayant de la moindre condition qu’aurait pu leur imposer leur naissance. Elles ont également échappé à l’oubli auquel le statut de célibataire les condamnait. Écrire leur a permis d’être considérées par leurs contemporains et, d’une certaine façon, d’échapper au funeste destin mémoriel réservé aux femmes et aux célibataires.