Nous nous intéresserons aux potentialités épistémologiques, artistiques et sociales de la traversée du méridien de Paris réalisée aux côtés de l’artiste Hendrik Sturm. En effet, ce méridien, défini en 1667, est un espace projeté, topographique, correspondant aujourd’hui à un espace périurbain, à des champs, à des habitations, invisible pour celui qui ne connaîtrait pas son tracé.
Nous envisageons la traversée de ce méridien –pratique également appelée «transect», comme l’appropriation d’un «terrain vague», au sens où la rencontre entre un espace projeté (à partir d’une carte) et l’expérience permet de créer un espace interstitiel, entre la grande Histoire et l’histoire intime, entre des individus séparés et un groupe.
Nous défendrons le caractère résilient de l’expérience collective et ses intérêts artistiques et scientifiques. Pour cela, nous montrerons que les dispositifs d’écriture élaborés ad hoc (cartographie, écriture, mouvement), ainsi que les strates sensibles et mémorielles que l’expérience met en jeu, redéfinissent la production des savoirs. En contrepoint de cette présentation théorique, nous proposerons une expérimentation aux alentours de l’Université du Québec à Montréal, à partir d’un tracé topographique à réinvestir collectivement par le sensible.