Journée d'étude
Université du Québec à Montréal

Recyclage en série: de la reprise en culture populaire

Vendredi 24 Novembre 2017

 

Présentation de la journée d'étude

La journée d'étude Recyclage en série, de la reprise en culture populaire, organisée par le groupe de recherche Rêves en boucle, recyclage en série, a eu lieu le vendredi 24 novembre 2017 à l'Université du Québec à Montréal.

Le groupe de recherche «Rêves en boucle, recyclage en série», sous la tutelle de la plateforme en ligne Pop-en-Stock, a convié la communauté universitaire à une journée d’étude sur le thème de l’imaginaire de la reprise dans les œuvres de la culture populaire. Le groupe propose un espace de réflexion multidisciplinaire s’inscrivant dans le prolongement des questionnements initiés en juin dernier lors de la journée d’étude Gender/Genre: Liminalité et intersection en culture populaire contemporaine.

C’est une constante de l’histoire des études sur la culture populaire que de souligner les tendances à la répétition, au schéma itératif (tel que développé par le théoricien italien Umberto Eco) et à la standardisation des contenus. Le sociologue et philosophe Edgar Morin, à la suite des thèses de Theodor Adorno sur les industries culturelles, suggère ainsi que les œuvres qui y sont engendrées doivent se soumettre à l’exigence paradoxale d’invention-standardisation, oscillant perpétuellement entre la répétition de schèmes prédéfinis et la production de contenu innovateur. À la part reconnaissable, stéréotypée de l’œuvre s’ajoute nécessairement un élément de nouveauté, de surprise et de créativité. La subversion des règles et des catégories doit en ce sens s’inscrire dans la lumière du phare paratextuel stéréotypique permettant de reconnaitre aisément les œuvres consommées – à partir duquel découlent des notions comme celle du contrat de lecture (Alain-Michel Boyer, Daniel Couégnas) ou de genres thématiques (horreur, fantastique, science-fiction, etc.). Parmi la multiplication des termes servant à standardiser et catégoriser les œuvres (genres, thèmes, format, etc.), il ne faudrait pas occulter la part d’innovation qui peut émerger d’un tel recyclage dans la logique de la reprise, et le potentiel subversif de certains déplacements ou décalages sur des créations ayant marqué les imaginaires collectifs.

Le foisonnement de prolongements, de remake et de reboot d’histoires et d’univers attisant la flamme nostalgique d’une génération de consommateurs témoigne en ce sens d’une volonté de créer en continuité avec les thèmes et les modèles du passé. La dynamique du recyclage et de la sérialité place ainsi le processus de création en tension entre un héritage stéréotypique et un désir de renouvèlement. Au fondement des réflexions sur ces processus qui gagnent en popularité, la part standardisée de l’œuvre s’impose comme une constante qui demande à être perpétuellement réévaluée et transformée, dans un mouvement de balancier où l’immuable et l’innovateur s’enrichissent mutuellement. Écrire encore ou écrire autrement (Stéphane Benassi) ; poursuivre ou réécrire ; étendre ou reprendre ; tels sont les questionnements que sous-tendent les dynamiques de la reprise perpétuelle. Le terreau stéréotypique permet aux productions de grandir et de se greffer à leurs mondes fictifs d’origine qui forment alors de véritables constellations (Anne Besson) ou des systèmes satellitaires (Richard Saint-Gelais) qui tissent des réseaux intertextuels complexes. Qu’elle s’inscrive au cœur de la machine industrielle ou qu’elle se déploie dans les marges formées de la production des fans, chaque addition est cruciale et chaque recyclage ne fait qu’ajouter à la richesse et la complexité des univers ainsi créés.

Dans le cadre de cette journée d’étude, les participant.e.s. ont été invité.e.s à plonger au cœur de ces observations sur les enjeux liés à la reprise et au recyclage dans la culture populaire à travers ces quelques pistes de réflexion:

• Les dynamiques de la transfictionnalité
• Les enjeux de la sérialité, ses prolongements et le world building
• Les remakes, reboots et remasters (jeu vidéo)
• La prise en charge d’un univers médiatique par les fans
• Les narrations transmédiatiques et déploiement simultané des franchises dans différentes sphères médiatiques
• Le cross-over, le retcon, et autres modes de contamination des œuvres
• Le gender-swap et autres subversions à caractère politique
• La fan fiction, ses mécanismes et ses motifs

Cette journée de réflexion est la seconde de trois journées d’étude organisées par le groupe de recherche Rêves en boucle, recyclages en série. Réflexivité, réitération et reprise dans la fiction populaire contemporaine, et par l’équipe de la revue en ligne Pop-en-stock. Le triptyque évènementiel se déroulera au cours de l’année 2017-2018 et ouvrira la voie au colloque international Pop-en-stock 2018.

 

Programme de la journée d'étude

Cliquez sur le titre d'une communication pour accéder à l'archive.

 

Séance - Réinterprétations

 

Séance - Sérialité

 

Séance - Personnages et figures

 

Séance - Pratiques collectives

 

Organisation de la journée d'étude

Megan Bédard est étudiante au docotrat en sémiologie à l'Université du Québec à Montréal et membre étudiante du Centre de recherche Figura. Elle fait partie du comité scientifique du colloque international Pop-en-stock (2016). Megan Bédard se spécialise dans les études sur la science-fiction (plus particulièrement Alien) et sur la transmédialité. Elle a aussi écrit de nombreux articles pour la revue en ligne Pop-en-stock et a participé à quelques podcasts de la revue.

Jean-Michel Berthiaume est doctorant en sémiologie à l'Université du Québec à Montréal. Il est co-animateur du podcast Pop-en-stock sur les ondes de CHOQ, mais aussi de l'émission Le 7e antiquaire et Radio NT2.

Catherine Côté est étudiante au doctorat en études littéraires et auxiliaire de recherche au Laboratoire ALN/NT2 de l’UQÀM. Ses intérêts de recherche incluent la littérature d’horreur, la culture populaire et les écrits féministes. Elle a publié en février 2017, son premier recueil de poésie, intitulé Outardes, aux Éditions du Passage.

Détentrice d’un diplôme de maîtrise en recherche et création littéraire de l’Université de Montréal, Fanie Demeule rédige une thèse de doctorat en études littéraires à l’UQAM sous la direction de Samuel Archibald. S’inscrivant dans les études féministes et culturelles, ses recherches actuelles portent sur les figures de guerrières dans l’imaginaire contemporain. Elle codirige le groupe de recherche Femmes Ingouvernables et collabore à plusieurs publications, dont la plateforme Pop-en-Stock et le magazine Spirale. En 2016, elle publie un premier roman, Déterrer les os, aux éditions Hamac.

 

Direction scientifique

Antonio Dominguez Leiva est chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. a été maître de conférences habilité à l’Université de Bourgogne avant d’être professeur à l’Université du Québec à Montréal. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire culturelle de la cruauté et de l’érotisme, dont Décapitations, du culte des crânes au cinéma gore (PUF, 2004), Esthétique de l'éjaculation (Murmure, 2012) etMessaline, impératrice et putain. Généalogie d'un mythe sexuel (Murmure, 2014) ainsi que les co-éditions de Le supplice oriental dans la littérature et les arts (Murmure, 2005) et Délicieux supplices, érotisme et cruauté en Occident (Murmure, 2008). Il s’est aussi intéressé à l’histoire des frontières du réel (La vie comme songe. Une tentation de l'Occident, EUD, 2009), le Manuscrit trouvé à Saragosse (Laberinto imaginario de Jan Potocki, UNED, 2000) et la biographie collective des surréalistes (Sexe, opium et charleston, Murmure, 2007-2011) et a écrit plus d’une cinquantaine d’articles sur des sujets aussi variés que les mangas, les zombies, le mexico-terror, l’onanisme féminin ou les putti. Il est aussi scénariste et romancier, avec notammentLos Circulos (Saymon, 2010) et la série de El Hombre de los 21 Dedos (Planeta Booket, 2012).

Pour citer ce document:
Bédard, Megan, J-M Berthiaume, Catherine Côté, Fanie Demeule et Antonio Dominguez Leiva, (org.). 2017. Recyclage en série: de la reprise en culture populaire. Journée d’étude organisée par Figura, le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire / Pop-en-stock. Montréal, Université du Québec à Montréal, 24 novembre 2017. Document vidéo. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/evenements/recyclage-en-serie-de-la-reprise-en-culture-populaire>. Consulté le 1 mai 2023.

L’évolution de Donjons & Dragons: «Ravenloft» et «Tomb of Horrors» en 2017

Dans It’s All a Game (2017), Tristan Donovan conclut: «[...] board games continue to evolve to reflect our needs and desires and our outlook on life» (p. 256). Cette déclaration, bien ancrée dans l’histoire du jeu de plateau, semble tout à fait adéquate pour tout type de jeu. Donjons & Dragons, le premier jeu de rôle tel qu’on le connait à titre de divertissement populaire, a maintenant plus de 40 ans. Le jeu vient de démocratiser le design de son système de règles dans sa 5e édition dans l’espoir de plaire autant à l’expert qu’au néophyte.

La fanfiction collaborative. A role playing game

Un forum RPG (role playing game) constitue d'abord le support d'un jeu coopératif en ligne où chacun-e donne vie à un personnage selon des règles et un univers, préalablement établis par les administrateurs-rices. Son environnement narratif pourrait par exemple s'inspirer et/ou se bâtir à partir d'un jeu vidéo comme Final Fantasy. Puisqu'il s'agit d'un forum, les joueurs doivent narrer les actions et pensées de leurs personnages et se répondre en publiant un échantillon textuel un-e à la suite de l'autre.

Les doubles d’Arnold Schwarzenegger: différences et répétitions chez la star hollywoodienne

Dans son essai "Innovation et répétition", en répertoriant diverses formes de séries culturelles, Umberto Eco mentionne au passage l’acteur de cinéma: "la simple présence de John Wayne ou de Jerry Lewis (quand ils ne sont pas dirigés par un grand metteur en scène, et souvent même alors) parvient à produire, chaque fois, le même film." Dans le cadre de ce colloque, j’aimerais travailler cette idée à partir de l’exemple d’Arnold Schwarzenegger, à savoir, utiliser des outils théoriques normalement réservés à l’analyse de la sérialité dans des œuvres audiovisuelles pour aborder le passage d’une

«We don’t just conquer our fears, we market them». Retourner aux origines d’«Alien: Covenant»

Depuis sa première apparition en 1979, l’espèce extraterrestre d’Alien (Ridley Scott) s’est multipliée sur de nombreux supports médiatiques (cinéma, bande dessinée, jeu vidéo, roman), colonisant ainsi l’imaginaire collectif populaire. Son mécanisme de reproduction «xénomorphe» imite, selon Karin Littau (2011), les procédés d’adaptation: l’hôte désigne autant la créature (humaine, animale, extraterrestre) qu’elle parasite au sein de la fiction que le média qui lui assure une subsistance dans l’écosystème des industries culturelles.

Reprise parodique du film noir dans «Série Noire»: tension et irrésolution d’une crise de la masculinité

Dans la première saison de la télésérie Série Noire (Rivard et Létourneau, 2014), on suit les tribulations de deux scénaristes fictionnels qui écrivent une série télé. Par son traitement humoristique, intertextuel et métaréflexif, Série Noire se conçoit comme une parodie du film noir: on y reprend les codes hérités des films de détectives privés tout y insufflant un désir de renouvellement quant à la représentation de la masculinité et des rapports entre les hommes et les femmes.