Journée d'étude
Université du Québec à Montréal
RADICAL

Violence, érotisme et littérature: L'écriture du corps brutalisé dans l'imaginaire littéraire contemporain

Vendredi 8 Novembre 2013

La mise en lumière, par Gilles Deleuze, des différences formelles entre les oeuvres de Sacher-Masoch et de Sade, témoigne de l'étroite relation entre la construction du fantasme érotique et sa transposition littéraire. Chez Sacher-Masoch, les caractéristiques psychologiques propres au masochisme se traduisent par l'emploi de procédés stylistiques - suspens, lenteur, descriptions en «tableaux» - qui amplifient l'immersion du lecteur dans l'univers charnel de la soumission et de la douleur, tandis que la brutalité de la poétique de Sade contribue à la violence de l'érotisme subversif qu'il dépeint dans ses romans. Chez ces deux auteurs, l'espace du corps et de la pulsion s'étend à l'espace littéraire de telle sorte que les singularités de la perversion mise en scène se déploient non seulement dans la trame narrative des oeuvres, mais également à travers nombre de caractéristiques formelles spécifiques. Aiguillé par cette relation entre le plaisir du corps violenté et les caractéristiques formelles du texte le racontant, ce colloque souhaite interroger l'espace de l'érotisme cruel dans l'imaginaire littéraire contemporain.

Comment se construit le rapport entre perversion sexuelle et forme narrative? L'écriture de la violence érotique est-elle encadrée par des codes formels précis? Quels procédés littéraires sont mis en place pour entraîner le lecteur dans un univers érotique cruel? Quelles caractéristiques définissent l'imaginaire contemporain de la perversion? Les personnages y sont-ils bourreaux? Victimes? Quel espace accorde-t-on à la jouissance née de la violence? Celle-ci est-elle honteuse, banalisée, valorisée? Y a-t-il une différence entre l'écriture de la violence érotique au féminin et au masculin? La brutalité sexuelle est-elle perçue différemment solon le genre de la personne qui l'écrit?

Cette journée d'étude cherche à cerner l'imagianire littéraire contmeporain du corps brutalisé en questionnant l'espace et les enjeux de la violence érotique, depuis l'angle de la théorie et de la création littéraires.

Pour citer ce document:
Boisclair, Isabelle, Martine Delvaux, Jean-Simon Desrochers, Jean-Michel Devésa, Antonio Dominguez Leiva, Catherine Dussault Frenette, Valérie Lebrun, Véronique Marcotte, Lori Saint-Martin et Audrée Wilhelmy, (org.). 2013. Violence, érotisme et littérature: L'écriture du corps brutalisé dans l'imaginaire littéraire contemporain. Journée d’étude organisée par Figura, Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire. Montréal, Université du Québec à Montréal, 8 novembre 2013. Document audio. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/evenements/violence-erotisme-et-litterature-lecriture-du-corps-brutalise-dans-limaginaire-litteraire>. Consulté le 1 mai 2023.

Elle souffre ou elle jouit?: «Plainte contre X» (2013) de Karin Bernfeld

«Dans son Histoire de la sexualité, Michel Foucault considère la sexualité comme "un point de passage particulièrement dense pour les relations de pouvoir". Depuis peu, de nombreuses femmes se donnent le droit de représenter la sexualité, s'approprient le discours pornographique, le recadrant, tentant d'enrayer les relations de pouvoir qui le traversent. Elles dessinent ainsi une porno féministe, une post-porn qui vient radicalement couper avec les fondements phallocentriques des usages esthétiques du sexe.»

Le Crépuscule des ogres: le corps contraint chez Régis Jauffret: une lecture de «Sévère» (2010) et de «Claustria» (2012)

«Lorsque les organisateurs de ce colloque ayant trait à la représentation littéraire du corps brutalisé ont pris attache avec moi pour me proposer d'y participer, je leur ai annoncé que j'examinerais brièvement deux livres récents de Régis Jauffret: Sévère, sorti en 2010, et Claustria, paru en 2012.

Les filles comme toi: quand l'amour de l'une force la langue de l'autre

«Je n'aurais jamais pensé qu'un jour une fille comme moi se mettrait à parler d'amour. Encore moins à l'université lors d'une journée d'étude portant sur la violence et l'érotisme dans la littérature. Parler de sexe, ça, oui, tout le temps parce qu'échanger sur les limites des corps, ça donne l'illusion de créer des liens. Que ce soit entre filles ou entre gars, parler de soi en vient souvent à partager sur les expériences du corps. Les bonnes, les inventées, mais surtout les mauvaises. Parce que, quand ça ne fait plus pleurer, ça nous fait rire et qu'il y a là une connivence facile.»

Dresser au plaisir: l'acquisition d'une subjectivité sexuelle au féminin à travers les pratiques SM dans «Le bel échange» de Claudine Galea

«Comme l'avançait Gayle Rubin dans Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe, la variété intrinsèque de la sexualité humaine a été historiquement scindée et partagée en de multiples catégories exclusives et hiérarchiques. De tous les modes d'expression possibles de la sexualité, une seule est considérée comme normale et naturelle, cette sexualité que l'on dit vertueuse est, entre autres, hétérosexuelle, monogame et encadrée par une relation stable.

Quatre femmes et un loup: Appétits brutaux, corps brutalisés dans «Le petit chaperon rouge» et ses variantes contemporaines

«Il était une fois une petite fille jolie, trop gâtée peut-être, mais gentille. La prunelle des yeux de sa maman et de sa mère-grand. Nul homme dans ce cocon chaud initial. Sans père ni frère, seule, souveraine, elle part un jour à pied vers la maison de l'autre mère. Désarmée, mais confiante, sans savoir qu'elle s'expose et que les armes s'imposent, sans savoir que le loup rôde. Mais peut-on - et toute la quetion est là - s'armer contre le désir? Que désire la petite fille chérie? Que désirent les autres femmes du conte? Et même le loup, son désir est-il si simple?»

Regardez pour voir

«Je n'en pouvais plus de cette cohabitation légère, frivole, de ce montage donné comme innocent, de la violence et du sexe. D'un côté, un blogueur plutôt minable qui trouve rigolo de décrire comment il soumettrait sexuellement une femme - en l'occurence, une femme publique - comment il la prendrait de force brutalement, lui imposerait son sexe pour la libérer, laisse-t-il entendre, d'une vie conjugale missionnaire.

Écritures de l'intime, écritures de l'extrême (Partie I)

Cette table ronde, intitulée «Écritures de l'intime, écritures de l'extrême» et animée par Samuel Archibald, clôt la journée d'étude «Violence, érotisme et littérature: L'écriture du corps brutalisé dans la littérature contemporaine». Quatre auteurs - Rosalie Lavoie, Véronique Marcotte, Jean-Simon Desrochers et Audrée Wilhelmy - discutent de ces représentations considérées extrêmes de la violence sexuelle - de la violence du sexe - dans la littérature québécoise contemporaine, discussion basée sur leurs propres expériences d'écriture. 

Écritures de l'intime, écritures de l'extrême (Partie II)

Cette table ronde, intitulée «Écritures de l'intime, écritures de l'extrême» et animée par Samuel Archibald, clôt la journée d'étude «Violence, érotisme et littérature: L'écriture du corps brutalisé dans la littérature contemporaine». Quatre auteurs - Rosalie Lavoie, Véronique Marcotte, Jean-Simon Desrochers et Audrée Wilhelmy - discutent de ces représentations considérées extrêmes de la violence sexuelle - de la violence du sexe - dans la littérature québécoise contemporaine, discussion basée sur leurs propres expériences d'écriture.