Colloque
Université du Québec à Trois-Rivières

(Dé)limiter l'art. Définitions, représentations et usages de la liberté de création

Dans le cadre de:
Jeudi 6 Juin 2019 - Vendredi 7 Juin 2019

 

Présentation de la journée d'étude

 
À l’été 2018, au Québec, les pièces de théâtre Slāv et Kanataont généré d’importantes polémiques autour de la notion d’appropriation culturelle, faisant ressurgir dans le débat public la question de la liberté de création. Les contestations citoyennes ont eu suffisamment de retentissements pour que les représentations de Slāv au Festival de Jazz de Montréal soient annulées et la préparation de Kanata, suspendue. Le débat n’en a été que redoublé. 
 
L’intérêt porté actuellement à la notion de liberté de création traverse les continents et est généralisé à l’ensemble de la francophonie. En France, l’espace public s’anime régulièrement parce qu’une forme de pouvoir (social, médiatique, politique ou judiciaire) tente d’imposer des limites aux artistes. 
 
Présentant des définitions qui varient selon les contextes et les points de vue, la notion de liberté de création est difficile à appréhender. Pour l’artiste burkinabé, le juriste français ou le militant québécois, elle ne détient ni les mêmes pouvoirs ni les mêmes limites. Elle a aussi considérablement évolué dans le temps, au fil des transformations sociétales. Ce colloque s'est donné pour objectif d’observer la façon dont la liberté de création agit, et a agi, dans la (dé)limitation de l'art des XXe et XXie siècles, et ce dans une perspective multidisciplinaire.  
 

Programme de la séance

Cliquez sur un titre pour accéder à l'archive de la présentation.

 
Mélodie Laurent (UQTR)
 
Eugénie Matthey-Jonais (UdeM)
 

Stéphane Ledien (ULaval) 

 
Laurence Bordeleau (UQTR)
 
Julien Guimard (Université de Nantes) 
 
Marie-Odile Richard (UQTR)
 
  • «La liberté de création en droit canadien: de sa source à ses limites légales» (communication non-disponible)

Véronyque Roy (Université de Sherbrooke) 
 
Charline P. William (UQAM) 
 
Jean-Baptiste Scherrer (Université Panthéon-Sorbonne / Université Fribourgen-Brisgau) 
 
Sarah-Louise Pelletier (UQAM)
 
Anne-Marie Duquette et Mathilde Barraband (UQTR) 
 
  • Entretien avec Marilou Craft (communication non-disponible) 

Animé par Anne-Marie Duquette (UQTR)

 
Pour consulter les autres projets réalisés par le groupe de recherche franco-québécois L'art en procès, cliquez ici.
 
 
Pour citer ce document:
Barraband, Mathilde, Anne-Marie Duquette et Marie-Odile Richard, (org.). 2019. (Dé)limiter l'art. Définitions, représentations et usages de la liberté de création. Colloque organisé par Figura, le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire. Montréal, Université du Québec à Montréal, 6 et 7 juin 2019. Documents audio. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/evenements/delimiter-lart-definitions-representations-et-usages-de-la-liberte-de-creation>. Consulté le 1 mai 2023.

Quand Aristote s'en mêle: une analyse de discours sur quelques polémiques théâtrales récentes

La présente communication a comme point de départ l'idée que «le théâtre depuis Aristote n'a jamais complètement cessé d'être encadré par des lois guidant et politisant le processus créateur». En 2018, les débats entourant les pièces Slāv et Kanata ont retenu l'attention médiatique durant près de deux mois. «Au sein de la vaste production de discours qui sont énoncés dans l'espace public durant les polémiques», la participante observe «une surreprésentation du regard aristotélicien sur la littérature, qui est un regard prescriptif et normatif sur l'art».

L’appropriation culturelle et la liberté de création à l'aune du droit

Est-ce que l'appropriation culturelle est un concept juridique? Est-ce que le droit a à intervenir ou est-ce uniquement une question politique? Le participant soutient que l'appropriation culturelle pourrait devenir un concept juridique, mais nous entretient sur les bienfaits et les dommages de ce déplacement sur la liberté de création.

Quelques mots sur la professionnalisation artistique

«S'ils devaient encourager la prise de risque et l'expérimentation, les centres d'artistes autogérés sont devenus de dociles petits musées asujettis à la course aux subventions et à leurs exigences de rentabilité. L'historienne de l'art Anne-Marie Bouchard observe l'échec de la critique institutionnelle intégrée à même le discours muséal, observable entre autres par l'inclusion de pratiques artistiques et curatoriales qui critiquent ouvertement les institutions dans lesquelles elles évoluent.

La transgression des limites de la création comme stratégie de l’engagement littéraire contemporain. Le cas de «La ballade de Rikers Island» (2014) de Régis Jauffret

«Lorsque l'affaire du Sofitel éclate en 2011, elle constitue une véritable mine d'or pour l'écrivain, Régis Jauffret. En plus de s'inscrire dans la lignée des sordides affaires sexuelles dont il s'est fait la spécialité, l'affaire met de surcroit en scène une personnalité politique connue et qui inspire déjà la curiosité du public. Le directeur du Fonds monétaire international du moment, alors potentiellement le prochain candidat à l'élection présidentielle française, Dominique Strauss-Kahn, se retrouve emprisonné au pénitencier américain de Rikers Island.

Le roman noir contemporain, espace de désordre polémique et de liberté nihiliste

A-t-on encore le droit de s'inspirer de faits divers pour écrire? Dans cette communication, le participant s'intéresse au roman noir, «littérature de la transgression, qui s'attire fréquemment les foudres de l'opinion publique, de la bien-pensance et d'une justice qui ne semble plus savoir faire la différence entre la réalité et la fiction, entre la réalité des faits et la nécessité dans un genre qui se veut réaliste et social d'y puiser quelque chose de fort à raconter et à extrapoler».

D’un nouveau mal devenu banal: quand la figure du bourreau fascine

Dans cette communication, la participante «interroge la possibilité de faire du bourreau littéraire un témoin à même de nous faire comprendre l'origine du mal». Elle amorce sa réflexion par «les confusions définitoires entourant l'utilisation des termes ''bourreau'', ''témoin'' et de l'expression de Hannah Arendt, ''banalité du mal'', afin de faire surgir les ambivalences sémantiques».