Amorçons cet essai par une question en apparence toute simple, mais qui, dans l’exercice de la définition, se révèle plutôt complexe: qu’est-ce que le performatif?
De manière très générale, nous pourrions définir le performatif comme ce qui relève du faire, ce qui installe par l’action un état de fait. Cette conception, héritée de la philosophie analytique de John Austin, décrit à mon avis parfaitement l’univers du web, car elle accorde son attention au contexte des énoncés et à leur valeur de transformation.
Il s’agit donc d’une perspective qui s’inscrit dans une conception pragmatique de la relation à l’oeuvre d’art, une conception qui s’intéresse aux effets et aux affects que les oeuvres engendrent dans leurs relations aux individus. Dans cette optique, il est aisé de reconnaître que l’art hypermédiatique fait ouvertement appel à ces dimensions performatives, en proposant une série de prescriptions pragmatiques à l’internaute, ce qu’il faut faire et comment il faut le faire, qui installent et confirment par la réitération et la répétition, des états de fait, des états d’être.
Sur toute une année, soit de mai 2007 à juin 2008, six artistes du Québec et du Canada ont travaillé, à l’invitation de la chambre blanche, cette problématique. Leurs oeuvres agissent à différents niveaux proposant des stratégies de représentations et des modes de réception qui seront considérés ici comme performatifs: performativité de l’identité, de l’interactivité, de la communauté et de la narrativité. Ces grandes catégories générales sont autant de points de vue sur un phénomène polymorphe qui échappera toujours partiellement à ses commentateurs. Elles sont autant de lunettes complémentaires pour observer la scène dynamique de la création web. Elles sont enfin pensées dans une logique de l’addition et non de l’exclusion car elles peuvent cohabiter dans l’accumulation.
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Cet ouvrage a d'abord été publié aux éditions La Chambre blanche en 2010.
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