Pornographie de l'abstinence
La pornographie de l’abstinence dont il est question ici est bien sûr celle de Twilight, le grand culte médiatique préfabriqué de ce début de millénaire.
La pornographie de l’abstinence dont il est question ici est bien sûr celle de Twilight, le grand culte médiatique préfabriqué de ce début de millénaire.
Dès son inscription littéraire dans la culture savante au milieu du siècle des Lumières, la figure du vampire est singulièrement érotisée, en contraste radical avec la tradition populaire qui en faisait un avatar sanguin du simple mort vivant.
Chez les littéraires comme chez les fans de vampires (les deux catégories se recoupant parfois), la série Twilight (Meyer, 2007 [2005]; 2007 [2006]; 2007; 2008) est souvent considérée davantage comme un plaisir coupable, une lecture inavouable, que comme un réel objet d’analyse.
Marguerite Duras affirme qu’elle est devenue cinéaste par «dégoût» des films que l’on avait faits à partir de ses romans. Cette affirmation exprime une volonté nette de se distinguer du cinéma ordinaire pour faire un autre cinéma. Un cinéma de l’absence, radicalement différent, qui met en scène, dans un décor désaffecté et habité par la parole, l’exténuation de toute présence et la virtualité de toute représentation du réel.
Dans cette communication je propose d’explorer la question du meurtre du cinéma revendiqué par Marguerite Duras à partir d’exemples qui témoignent d’une tentative chez elle d’affranchir la pratique cinématographique des éléments qui, selon Duras, entravaient l’essentiel, à savoir le rapport à la parole.
Duras a entretenu avec le cinéma une relation obstinée. Cette relation est nourrie par un commentaire constant qui constitue sans doute, et de loin, la plus formidable critique jamais proférée à l’endroit du cinéma, si ce n’est l’une des plus violentes. Je m’intéresserai à cet insistant commentaire qui repose sur une expérience de l’image, de son impuissance déclarée et de son inadéquation au corps parlant.