Figures contemporaines

Aire de recherche consacrée aux figures centrales de l'imaginaire contemporain.

La crise du change dans le théâtre contemporain (1980-2010)

Renouvelant l’imaginaire symbolique de la téléologie pessimiste, mobilisant les structures mentales et les dispositions idéologiques susceptibles d’adhérer à toutes sortes de stratégies de boucs émissaires, avant tout désireuse de désigner coupables idéaux et surtout victimes expiatoires, cette nouvelle eschatologie économique (depuis 2008) construit actuellement dans le discours politique, médiatique et parfois même artistique, le récit fondateur d’un désastre annoncé auquel seul la doctrine économique dominante semble imperméable, verrouillée dans les dogmes d’un néo-libéralisme aveugle.

De quelques modèles économiques de la piraterie: de la chasse partie à la chasse au trésor

Depuis son âge d’or à la fin du 17e siècle, la piraterie a été figurée à travers une pluralité de représentations si bien que l’histoire de sa réception à long terme se déploie en une étonnante constellation. Corsaires, flibustiers et pirates des 17e et 18e siècle inspirent d’abord une vague de romans maritimes et historiques dans la première moitié du 19e siècle avant de surgir dans les premiers romans et illustrations des premiers romans jeunesse.

La fête de la consommation

Durant les semaines d’été, les rues de Montréal sont littéralement envahies par les «ventes de trottoir». À perte de vue sur Mont-Royal, sur Saint-Laurent, sur Sainte-Catherine, les badauds innombrables circulent le long des étalages et sous les tentes montées par les marchands, où s’empilent les grands déballages des fins de séries et des articles soldés. Il y a de la musique, des ballons, les enfants mangent de la barbe à papa, une odeur de saucisses grillées flotte dans l’air. Les familles, les poussettes, les chiens, les couples d’amoureux, les cyclistes forment une foule pittoresque, une cohue débordante et bon enfant, mi-acheteuse, mi-spectatrice. La rue prend une sorte de charme dans cette atmosphère de fête foraine. Qu’achète-t-on dans de telles circonstances?

«Ceci n'est pas une marchandise»?

C’est devenu un topos des discours alternatifs en tout genre: «ceci n’est pas une marchandise». «Ceci», c’est-à-dire au choix la culture, la santé, l’éducation, l’espace public, la nature, les gènes, etc. Le récent débat autour du financement de la culture nous en a encore donné un exemple. Alors que la nouvelle droite canadienne incarnée par Nathalie Elgrably-Lévy du Journal de Montréal et Krista Erickson de Sun News se lançait dans une attaque en règle contre les subventions de l’État aux arts et à la culture, la réponse du milieu culturel a été de soutenir que l’art, du moins celui qui ne serait pas tombé au statut de divertissement dépourvu de sens, n’est pas une marchandise, qu’il fonctionne selon une logique autre.

Le baiser

Nous avons assisté la semaine dernière à la naissance d'une icône photographique. Le monument visuel en question: un cliché de Richard Lam pris le 15 juin dernier où l'on voit «un couple qui s'embrasse durant les émeutes à Vancouver», pour reprendre la légende officielle fournie par l'agence Getty Images, propriétaire des droits de diffusion de la photographie. Le processus de canonisation de cette photographie est des plus classiques.

Corps à l’encan

De La dame aux camélias (1848) d’Alexandre Dumas, il nous reste surtout, à travers la pièce de théâtre qu’en tira l’auteur et l’opéra qu’en fit Verdi (La Traviata), l’histoire kitsch de l’amour d’un jeune homme pour une courtisane, histoire qui s’achève glorieusement dans le pathos, les larmes, le repentir, la réconciliation et la mort… Mais au-delà du cliché, ou pour mieux dire avant lui, La dame aux camélias est aussi un roman, beaucoup plus corrosif que la pièce et que l’opéra, et dont le propos concerne tout particulièrement l’économie. La prostituée y apparaît comme une figure cristallisant une alliance problématique propre à la modernité économique : celle du désir et de l’argent.

Ventes de garage et hedge funds

L’économie est l’un des systèmes de régulation les plus importants du monde contemporain. Il faut saisir la dimension historique et évolutive de cette prépondérance : c’est depuis les débuts de la révolution industrielle et tout au long du 19e siècle que l’économie a progressivement étendu son emprise sur toutes les sphères de la vie et qu’elle a eu tendance à s’imposer, au point de vue des représentations et dans son effectivité, comme système omniprésent. Je voudrai y revenir, en examinant en particulier ce qu'en dit le roman de l'époque, dans les prochaines semaines.

Sur la fiction génétique: mon grain de sel

Il me semble que la définition proposée par Élaine Després pour «fiction génétique» a le mérite d’être simple, suffisamment inclusive, mais aussi suffisamment précise. En effet, Élaine suggère que tout texte concevant le vivant comme «machine biologique programmée» puisse être considérée comme une fiction génétique.
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