colonialisme

«Under my mother’s house»: emprise maternelle et formation identitaire dans «At the Bottom of the River» de Jamaica Kincaid

Si l’Histoire et les canons littéraires regorgent de mères tues, maudites ou canonisées, «At the Bottom of the River» accueille une voix maternelle ravivée qui brouille les limitations binaires. Transitant entre agente du patriarcat et amante préœdipienne, elle s’érige dans ses oscillations et ses paradoxes. Cette inconsistance s’avère néanmoins confrontante pour l’enfant en quête de modèle, de pilier, et qui, dans l’espace du récit, ne peut compter que sur ce seul accompagnement. En effet, comme ombre patriarco-coloniale, le Père ne se remarque que par son absence. Jamais ne vient-il activement perturber la dyade ni prendre parti dans l’évolution identitaire de la fille.

De la trace à l'indice: enquêtes

Vendredi 16 Juillet 2021
Encodage
Participant·e·s:
Després, Elaine
Gauthier, Joël
Grenier-Millette, Sarah
Guilet, Anaïs
Machinal, Hélène
Perron, Laurence

Au menu de ce premier épisode de la série «Encodage» des Balados OIC, Hélène Machinal, Elaine Després et Sarah Grenier-Millette discutent l'article «Signes, traces, pistes. Racines d'un paradigme de l'indice» de Carlo Ginzburg (1980, Le Débat), et revisitent les archives des communications de Joël Gauthier (Penser l'enquête de terrain en études littéraires, 2014), d'Anaïs Guilet (Des tweets et des petites madeleines, 2017) et de Laurence Perron (Portrait de l'internaute en détective, 2018).

Les spectres de «Zong!», un poème hauntologique de Marlene NourbeSe Philip

Zong! (2008) de Marlene NourbeSe Philip, écrivaine née à Tobago qui habite à Toronto, repose sur une histoire douloureuse entremêlée de colonialisme, d'esclavage et d'une justice circonstancielle qui a effacé l’identité noire et a affirmé la suprématie blanche. Ce poème raconte le meurtre d'environ 150 esclaves en 1781, jetés à la mer par-dessus bord du navire négrier de Liverpool Zong.

Détours et silences du poème pour dire l’histoire chez Édouard Glissant et Layli Long Soldier

Pour les poètes Édouard Glissant et Layli Long Soldier, il s'agit simultanément de résister à l'imposition d'un discours officiel qui ne prend pas en compte les perspectives de leurs ancêtres et de proposer un rapport à l'histoire qui compose avec un passé parcellaire car fait de silences et d'oublis. Ces silences sont ceux des archives perdues tout comme des témoignages impossibles du fait du trauma colonial. La poésie a alors vocation à créer une nouvelle mémoire en explorant les zones d'ombre du passé pour se les réapproprier et en faire une source de création.

Comment filouter l’Histoire: Louise Erdrich et la mémoire en pagaille

En 1985, Kenneth Lincoln publiait aux États-Unis Native American Renaissance qui s’est imposé depuis (malgré des critiques) pour désigner le renouveau de la littérature autochtone. Il voyait alors dans House Made of Dawn de Navarre Scott Momaday, qui remporte le prix Pulitzer en 1969, son point de départ. Cette renaissance concerne une nouvelle génération de romanciers et romancières, de poètes, mais aussi la redécouverte d’une culture orale marginalisée et la volonté de lui redonner une place dans la trame culturelle et l’histoire américaine.

Faire monument: amnésie collective et monument littéraire dans l’œuvre de Joséphine Bacon, Koleka Putuma et Igiaba Sciego

À travers une lecture croisée de l’expérience poétique de Joséphine Bacon, Koleka Putuma et Igiaba Sciego, Micol Bez explore le fonctionnement d’une dialectique excessive de l’amnésie qui aboutit à une écriture non-pacifiée, toujours en conflit. Dès que l’on commence à commémorer, il y a le risque de soustraire la mémoire à la vie et à l’espace des corps désirants qui seul peut être le prélude au politique.

Lauric Guillaud

Vendredi 28 Mai 2021
Imaginaire et culture pop
Participant·e·s:
Dominguez Leiva, Antonio
Guillaud, Lauric

Dans cet épisode, Antonio Dominguez Leiva s’entretient avec Lauric Guillaud, grand spécialiste des mondes perdus. Revenant sur sa carrière de chercheur, il évoque ses travaux sur les récits de la Terre creuse, les continents perdus, l’Atlantide, King Kong, le pseudo-ésotérisme nazi, les grands mythes qui font sans cesse retour, Lovecraft, le wilderness et la popularité constante du gothique américain.

The Expanse

Vendredi 21 Mai 2021
Imaginaire et culture pop
Participant·e·s:
Dominguez Leiva, Antonio
Després, Elaine
Machinal, Hélène
Gervais, Bertrand
Cornec, Jérémy

Cet épisode réunit Antonio Dominguez Leiva, Elaine Després, Hélène Machinal, Bertrand Gervais et Jérémy Cornec, qui discutent de la série télévisée de science-fiction américaine The Expanse (Syfy, Prime Video 2015-), basée sur la série de romans du même nom de James S. A. Corey. Ils abordent la biologie et la politique des Belters, le personnage de Miller, le space opera, Don Quichotte, le posthumanisme, la survie dans l'espace, les allégories historiques et bien d'autres choses encore.

L'empathie comme fondement d'un nouveau mode d’existence amené par l’entremise de la fiction: les relations humaines envers le plus-qu’humain

Amorçant sa réflexion à partir de l’histoire d’une harde de caribous des bois, situés en Abitibi-Témiscamingue, qui risque de disparaître au profit de l’exploitation des ressources naturelles, Hope montre la relation typique qu’entretient l’espèce humaine envers une autre, voire envers les autres et envers le territoire. Il s’agit d’une relation froide où le plus-qu’humain, n’ayant pour nous pas d’histoire, existe à peine: «Anhistorique, l’animal est pauvre en sens, il n’existe pas à proprement parler, et n’a pas d’état.» Si Hope se réfère ainsi à Heidegger pour décrire l’animal au sens large, c’est pour souligner l’ampleur du problème. Comment modifier notre relation envers le plus-qu’humain si ce dernier existe, à proprement parler, à peine pour nous.
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