Présentation de la communication
À travers une lecture croisée de l’expérience poétique de Joséphine Bacon, Koleka Putuma et Igiaba Sciego, Micol Bez explore le fonctionnement d’une dialectique excessive de l’amnésie qui aboutit à une écriture non-pacifiée, toujours en conflit. Dès que l’on commence à commémorer, il y a le risque de soustraire la mémoire à la vie et à l’espace des corps désirants qui seul peut être le prélude au politique. Si la mémoire est vivante, c’est parce qu’elle se trouve déjà impliquée dans un mouvement dialectique avec l’oubli –avec les zones d’ombre, l’indicible et tout ce qui constitue les conditions d’émergence d’un moment historique. Écrire, pour ces auteures, c’est taguer le monument. Elles explorent le discours affectif qui régit notre rapport à l'amnésie, pour proposer une autre possibilité: celle d'un monument critique, ou d'un processus de mémorialisation qui se conçoit comme provocateur, conflictuel et indéterminé –et non pas comme célébration ou pacification–, toujours en rapport dialectique avec l’amnésie collective et constitutive. Peut-on imaginer les œuvres littéraires comme des monuments à jamais tagués? Ce serait peut-être le seul monument littéraire possible au XXIe siècle, un monument que nous ne voudrons pas abattre.