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Il était une fois une jeune fille, sa chèvre et son petit soulier. La Esmeralda et la douce idiotie de l'enfance

Partant d’une réflexion sur la candeur naïve qui caractérise la Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, nous nous penchons sur la manière dont ce personnage incarne la figure de l’idiot, telle que perçue dans une perspective anthropologique. Soit comme expression d’un dérèglement à comprendre au sens de «sot», de «niais» ou de «bêta», et qui serait le résultat d’une incomplétude ou d’un manquement plaçant l’idiot en dehors d’une norme —en l’occurrence ici la norme sociale.

Bouvard, Pécuchet et le «Garçon» sur «un plateau stupide» de Normandie ou Flaubert dans tous ses états liminaires

Du canal Saint-Martin qui ouvre le roman «farce» de Flaubert à Chavignoles, ce Clochemerle avant la lettre, le retrait studieux des deux compères s’inscrit expressément dans un cadre géographique dont la découverte du modèle, qualifié de «stupide» par le maître, sert littéralement de déclencheur à l’œuvre.

«Nous sommes des enfants d'une façon générale» Ernesto et Qohelet: figures du savoir infantile

On n’a pas souvent parlé du comique de Marguerite Duras. Il faut dire pourtant que La pluie d’été est d’un drôle assez singulier, assez irrésistible. Le comique de ce petit livre repose d’ailleurs sur le statut bien particulier des personnages dont le principal est Ernesto, fils aîné de la famille qui est un enfant «entre douze et vingt ans», un «enfant de quarante ans de philosophie». Ernesto ne sait pas lire, ne sait pas son âge, il sait seulement son nom. Mais la découverte d’un livre brûlé au chalumeau et troué en son centre, le plonge dans une phase de silence.

L'extravagant et le roman. Lysis dans «Le Berger extravagant» de Charles Sorel (1627-1634)

Si l’idiot désigne par sa trajectoire déviante au sein de la société qui l’abrite et le rejette tout à la fois un mode d’initiation à la littérature qui le narre, nul doute que le Berger extravagant inventé par Charles Sorel en 1627 dans le roman ainsi intitulé en constitue une des figures intéressantes, non pas tant parce qu’il manifeste une innocence qui confine à la stupidité, que parce qu’il tourne obstinément le dos à l’assomption dans la collectivité pour s’installer à la marge, sur les seuils du récit et de la vie: il est, selon l’étymologie même de l’adjectif

Valentin et Orson, figures duelles de l'idiotie et de la sainteté

À partir de Valentin et Orson, roman publié en 1489, je me propose de présenter une série de figures d’idiot qui traversent la littérature médiévale et la culture qui la sous-tend. Le choix de ce texte se justifie à deux titres. Paru à la fin du Moyen Âge, il conjugue les traditions narratives médiévales (roman, épopée, hagiographie) dans une combinatoire de motifs en cours de folklorisation. Ses liens avec le conte expliquent en partie son succès jusqu’au XVIIIe siècle dans les livrets de colportage de la Bibliothèque Bleue.

Lee Maracle et la figure redoublée de l'idiot: Ravensong

Dans le contexte canadien actuel, sous le sceau du colonialisme qui le marque encore, la littérature amérindienne a ceci de particulier de se présenter d’emblée idiote. Son discours, en effet, met le plus souvent en scène des personnages et des contextes de sens que le citoyen blanc, Euro-américain, recevra le plus souvent et nécessairement comme autre. Pourtant, la littérature amérindienne contemporaine se joue bien de cet état de fait pour présenter ses œuvres dans ses propres langages. Elle récupèrera alors la fonction «idiotique» pour en faire sa principale force.

L'idiot en souverain. Figure de l'oubli et du politique dans «Oublier Elena» d'Edmund White

"Le roi est mort, vive le roi!" Soit. L'adage ne surprend plus personne. Mais qui est le roi? Que sait-il? Comprend-t-il dans quelle situation il se trouve plongé et quelle tâche l'attend? Et s'il fallait que le roi soit un idiot, un être dépourvu de connaissance et de raison, un de ces êtres dont on peut dire qu'il est avant tout constitué d'un manque, d'une absence.

La tueuse: le combat de la fiction contre le vide

Œuvre référencée: Delaume, Chloé. (2007) «La nuit je suis Buffy Summers». Pour aborder un livre-jeu comme «La nuit je suis Buffy Summers» de Chloé Delaume, le terme «lecture» adopté par Salon double prend tout son sens. Delaume propose véritable une expérience de lecture, une aventure dans un univers étrange que l’on peut recommencer en prenant chaque fois des routes différentes.
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