La carte ou le territoire?
Considérer le texte non plus comme objet, mais comme flux et mouvement. Tel est le territoire. Si, dans le passé, territoire et carte ne pouvaient se trouver en congruence par la différence de la nature de leurs supports respectifs, aujourd’hui nous assistons à ce phénomène inouï; carte et territoire coïncident par leur affiliation à un médiateur commun: le flux.
Flux électromagnétique pour la représentation mentale de la carte (virtualisation de concepts sur le web) et flux minéral et organique pour la représentation (ou l’existence réelle et concrète) du territoire.
La cognition mentale étant projetée à l’extérieur, rendue visible, dynamique, interactive, démultipliée et en accélérée dans l’espace cybernétique.
Flux électromagnétique et flux organique entrent en résonance formant un flux tiers évacuant de ce fait l’idée de binarité entre carte et territoire.
Mais, on ne se baigne pas deux fois dans la même eau, toute parole est, de ce fait, différence parce que différée, nous avons bien dit cela, mais le contexte était différent, n’est plus le même, le contexte est hors la parole, extralinguistique, extra-spatial même, doublement, différée dans un premier temps par l’espace concret ou ses capsules temporelles et dans un deuxième temps par l’espace ou les espaces cybernétiques. On parlera alors d’autres dimensions comme de territoires vierges à découvrir. La parole est, alors, hors soi, sans demeure; elle devient acte sporadique et désincarné. C’est à dire que le territoire est bien là comme flux mouvant et continuel mais c’est l’acte singulier de nous immerger dans ce flux/territoire/ réel qui est un évènement, un moment d’intrusion/de reconfiguration/de présence qui tente de s’approprier, marquer le moment. Ces plongées en apnée sont, à chaque fois, à recommencer puisque non reproduisibles, uniques et éphémères.
Les multitudes de copies d’objet à l’ère de la reproduction laissent filer leurs auralités.
De la vient l’idée d’art numérique fluide qui s’inscrit comme évènement/performance/happening direct et non reproduisible. Le médium a changé la donne. Le médium est le territoire, il est flux.
J’en suis venue dans le cadre de mes études, à la lecture du texte de Michel Houellebecq intitulé, La carte et le territoire, et me suis amusée à écouter les voix du roman, ses oralités, ensuite j’ai essayé une transposition de la première scène du roman, Jed Martins en train de retoucher son tableau, sous forme de poésie sonore. L’idée m’est apparue réalisable suite à la conférence de Stéfan Sinclair à laquelle nous avons assisté, Fou(illes) de textes littéraires …, le conférencier nous invitait à nous demander; fouiller le texte, relever ses récurrences, ses « triggers », à la recherche de quoi, que cherche-t-on? La poésie sonore peut-elle entrer en résonance avec le texte et cultiver les récurrences comme des sonorités rythmiques? Sonorités répétitives qui déclenchent certains affects, une certaine présence de la corporéité de la voix. Par la polyphonie, la sonorité musicale et les jeux des récurrences se profile le corps vocal du texte littéraire.
Une incarnation incantatoire et sporadique dans l’espace du web?
L’enregistrement suivant est intitulé NOLOVE (le chauffe-eau est en panne); il reprend en poème sonore la première scène du roman La carte et le territoire de l’écrivain français Michel Houellebecq. La scène représente un peintre, Jed Martins en train de retoucher le front luisant de Jeff Koons, alors qu’une corbeille de fruits barthienne est posée sur une table basse, au loin se profilent des immeubles babéliens, luxe sur papier glacé…mais le chauffe-eau tombe en panne et le froid envahit l’atelier.
L’enregistrement est accompagné d’une musique de Samiyam et Gregory Fabre m’a aidé à réaliser mon premier poème sonore.
Bonne écoute.
Thanks for the great article..
J’ai vraiment beaucoup apprecier votre presentation et je vous encourage a continuer. C’est tres beau et je vous felicite pour se travail admirable et remarquable! BRAVOO!