Les technologies numériques occupent une place de plus en plus importante dans le roman contemporain. Les nouvelles habitudes de communication du 21e siècle, largement fondées sur des échanges par le biais de courriels, de messages textes, d’entrées de blogues ou de statuts et commentaires sur les réseaux sociaux, se voient incorporées à l’intrigue, qu’elles contribuent à faire progresser. La somme d’informations accessibles aux personnages à partir d’un moteur de recherche (ou, de manière plus pointue, de compétences en hacking) permet d’intégrer des données factuelles sans recourir à une omniscience de la narration ou à une quelconque figure de spécialiste. Le rapport renouvelé au temps créé par l’exploration à rebours d’un fil Facebook ou d’un compte Instagram ouvre des possibilités inédites au récit mémoriel. L’espace virtuel mais réel que déploient Google Earth ou Google StreetView invite à repenser de manière similaire la relation de voyage. Au plan thématique, ces innovations sont un prétexte à interroger les modalités contemporaines de socialité, de communication, de connaissance ou de perception, ainsi que leur incidence sur les identités et les représentations de soi. Elles suscitent également des questionnements plus vastes sur les notions de vérité et de mensonge à l’ère des flux d’information décentralisés, de même que sur les rôles et les pièges du numérique dans la prolifération de rumeurs ou l’alimentation de théories du complot. Au plan formel, l’intégration à la trame narrative de conversations ou de données telles que formatées par diverses plateformes et interfaces (Twitter, WhatsApp, Snapchat, etc.) confère à ces fragments médiatiques le statut de genre intercalaire, si ce n’est de quasi mise en abyme, dont l’écriture, la forme, le style contrastent et alimentent ceux de l’œuvre en son ensemble.
Cette journée d’étude vise à réfléchir à la présence du numérique dans le roman et à ses implications sur l’imaginaire contemporain.
PROGRAMME
9 h 15 — Accueil
9 h 30 — Mot de bienvenue
Conférence d’ouverture
Présidence: Sylvain David
9 h 45 — Jean-Jacques Pelletier (écrivain): «Médias, réseaux sociaux et roman: retour sur une pratique»
10 h 45 — Pause
Séance 1 - Balises
Présidence: Sophie Marcotte
11 h — Jean-François Chassay (UQAM): «Déjà la préhistoire?»
11 h 30 — Mélodie Simard-Houde (Collège militaire royal): «Les configurations romanesques de l’imaginaire numérique chez Nicolas Dickner»
12 h — Allan Deneuville (ArTeC et UQAM): «I Hate the Internet: “un roman utile contre les hommes, l’argent et la saleté d’Instagram”»
12 h 30 — Lunch
Séance 2 - Figures
Présidence — Michaël Trahan
14 h 00 — Sylvain David (Université Concordia) et Sophie Marcotte (Université Concordia): «Tentative d’épuisement d’un flux parisien»
14 h 30 — Rachel LaRoche (Université de Montréal): «Entre information et dérision: la mise en récit du web dans Document 1 de François Blais»
15 h 00 — Valérie Jeanne Perrier (Celsa Sorbonne Université): «À l’origine de tous les mots : maudit téléphone mobile ! Le cas chinois, avec le roman Le téléphone portable de Liu Zhenyun»
15 h 30: Pause
Séance 3 - Porosités
Présidence : Geneviève Sicotte
15 h 45 — Gabriel Gaudette (Paris 8 Saint-Denis): «Performer son archive numérique par travail de mémoire et d'effacement : Anamnèse de Fabrice Masson-Goulet»
16 h 15 — Pierre Ménard (Sciences Po Paris): «Face au désir la fiction se profile»
16 h 45 — Bertrand Gervais (UQAM): «Le virtuel. Vingt ans après. Lecture croisée de (As Francesca) de Martha Baer et de De synthèse de Karoline Georges»
17 h 15 — Mot de la fin
18 h 00 — Repas de fin de colloque