
Euphorique ou dysphorique, la représentation de l’étranger sur le Web est souvent polarisée dans ses extrêmes et les représentations de l’exotisme qu’on y retrouve sont hautement stéréotypées. Paradoxe intéressant, l’intérêt marqué pour des représentations distinctives, car relatives à l’altérité, s’inscrit à même l’idéal d’universalité et d’accessibilité proposé par les technologies du réseau. Que devient alors la notion même « d’étranger » lorsque tout est toujours accessible ? Dans ce contexte, comment se définissent les termes « lointain», « autre » et « dépaysement» essentiels au concept d’exotisme ? Ce dernier peut-il survivre aux effets de proximité et à la globalisation de la sphère Internet?
Les œuvres présentées ici sont à voir avec un regard éveillé sur les théories du post-colonialisme. Elles se revendiquent comme instances critiques face à l’instrumentation des figures de l’étranger qui prolifèrent par ailleurs sur le Web (exotisme géographique, culturel ou encore sexuel) et cherchent à remettre en question tout effet pernicieux de l’exotisme, toute idée tendant à confirmer l’autorité et la domination de l’Occident. Elles permettent enfin de creuser une brèche et de donner à voir ce qui parfois demeure invisible dans nos rapports avec « l’étranger ».
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Doll Space (navigation filmée #1)
Doll Space (1997, Da Rimini, Dominguez et Grimm) est une réponse critique et sophistiquée à l’instrumentalisation érotique de la figure de la femme asiatique, détournant l’icône réifiée de la poupée vers une figure post-humaine, Doll Yoko, affranchie et omnipotente, en rupture complète (par divers détournements ironiques) avec les conventions du capitalisme, du patriarcat et de la pornographie.
The Degradation and Removal of the/a Black Male (navigation filmée #1)
Dans son œuvre, The Degradation and the removal of the/a black man (2001) Wayne Dunkley convoque ouvertement son appartenance à la communauté noire pour aborder le thème du racisme et décrire les préjugés et les petits actes de violence auxquels il doit faire face chaque jour. L’artiste utilise ainsi sa propre figure identitaire, « artiste », « noir », « canadien », pour en tirer des reproductions photocopiées de son portrait. Plus le parcours se poursuit, plus la figure de l’artiste se dégrade, pour s’effacer progressivement.