Colloque Art public, sites et culture numérique // Public Art, Sites and Digital Cultures Symposium

29 Mai 2019 - 31 Mai 2019
Congrès/Colloque

Les interactions entre les différentes déclinaisons de l’espace public, lieux physiques et situés ou cyberespace, sont désormais abondantes et incontournables; à tel point que ces espaces doivent se comprendre comme étant en prolongement les uns des autres, comme les parties communicantes d’une même réalité. Suivant ce modèle, celui de la connexion et de la circulation, les liens entre l’art et les images photographiques se font abondants et absolument cruciaux. Grâce à des chaines formées par l’action conjuguée des technologies numériques (les images autant que tout ce qui assure leur circulation) et du travail d’un certain nombre d’agents humains, n’importe quelle œuvre (même la plus mineure ou anonyme) peut donner lieu à des cascades d’images, par lesquelles l’objet (premier, original) conserverait son individualité mais serait tout à la fois sans cesse défini et redéfini par ses relations multiples[1], ce qui serait susceptible de lui assurer la notoriété. Les images en effet s’enchainent les unes aux autres, conduisent les unes aux autres, en des flux constants et constamment renouvelés et c’est par elles que le monde s’assemble, dans la «relation profonde et inextricable qu’entretient chaque image avec toutes les images déjà produites, la relation complexe de kidnapping, d’allusion, de destruction, de distance, de citation, de parodie et de lutte»[2]. Ainsi des connexions se forment, par les images, entre œuvres et acteurs, sites et situations des œuvres, espace public urbain et cyberespace; tout cela composant des trajectoires qu’il importe d’examiner : « se demander ce qu’est une chose, c’est se demander quel chemin elle a parcouru hors d’elle-même »[3].

La reproduction photographique d’œuvres d’art n’est pas un phénomène nouveau et l’on réfléchit son action depuis Benjamin, voire depuis les chroniqueurs du 19e siècle, mais l’accélération apportée par le web participatif engage à en discuter encore, à partir de trois perspectives convergentes, et c’est ce que nous proposons pour ce colloque : celle du «public» – les publics et ce qui est public –, celle du site et celle de l’image (photographique). Les œuvres d’art à l’étude, produisant une vaste activité dans le web, seront celles qui prennent place – s’y ancrent, à demeure – ou qui ont lieu – (s’)y passent, s’y présentent – dans l’espace public (urbain).

Partant du constat d’une absolue interdépendance, à l’ère numérique, entre les œuvres d’art et la photographie, ce colloque propose de vérifier jusqu’à quel point l’image en circulation est devenue un élément significatif pour la visibilité, la (sur)vie et la notoriété des œuvres, en analysant la faculté d’activation de correspondances entre espace urbain et cyberespace qu’elle possède, et aussi d’évaluer si cette réciprocité qui trace, pour les œuvres d’art, une géographie inédite, signale une démocratisation ou une forme singulière de rapprochement entre art légitime et publics peu spécialisés. De même, considérant l’importance de la propagation de leurs images, il faut reconsidérer les régimes spatio-temporels des œuvres d’art. Il est également pertinent d’interroger les pratiques des communautés de photographes-amateurs-internautes, afin de voir si elles permettent ou facilitent l’éclosion d’un certain activisme artistique

Les liens, passant par l’image, entre espace public urbain et cyber-réseaux sont au fondement d’un jeu d’échanges public-artistes qu’il reste à décrire. Il s’agira donc d’examiner divers phénomènes artistiques, mettant en relation les œuvres d’art, l’image au sens large – image des villes, image des institutions, etc. –, la photographie au sens plus strict et l’espace public dans sa diversité.

[1] Pierre-Michel Menger (2013). « Une analytique de l’action en horizon incertain. Une lecture de la sociologie pragmatique et interactionniste » dans Pierre-Jean Benghozi & Thomas Paris (dir.), Howard Becker et les mondes de l’art, Paris : Les éditions de l’École polytechnique, p. 154.

[2] Bruno Latour (1989), «Iconoclash», Sur le culte moderne des dieux faitiches suivi de Iconoclash, Paris : La Découverte, p. 189.

[3] Alessandro Baricco (2014) Les barbares. Essai sur la mutation, Paris : Gallimard, p. 117.

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Lieu : À la Maison de la culture Côte-des-Neiges (5290, Chemin de la Côte-des-Neiges) et au Carrefour des arts et des sciences de l'Université de Montréal (Pavillon Lionel-Groulx, 3150 rue Jean Brillant, Local C-3061).
Date : 29, 30 et 31 mai 2019
Programme complet : cliquez sur fichier ci-joint

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