D'où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? Trois questions qui alimentent depuis toujours les arts, la philosophie, les sciences. Au carrefour, les «fictions scientifiques» explorent certaines réponses qui se condensent autour de deux icônes des temps modernes: le singe et le gène.
Ce cahier de recherche se présente en deux parties: la première, «Protohumains et hybrides», amorce une réflexion sur l'humain et ses origines, la façon de le figurer dans son rapport à l'animalité, dans l'hybridité de ses formes fictionnelles; puis la seconde, «Posthumains et cyborgs», s'intéresse à l'autre extrémité de la chaîne évolutive, celle du gène manipulé, de l'intelligence artificielle. Au final s'amorce une véritable réflexion sur les frontières de l'espèce.
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PrésentationLes textes qu’on retrouve dans cette publication s’inscrivent à l’intérieur des travaux du groupe de recherche Le Sélectif (Savants et espaces du laboratoire : épistémo-critique de textes irrigués par la fiction) qui s’intéresse à la représentation du discours scientifique et des figures de la science dans le discours social, et en particulier dans la fiction.
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Désévolution chez le docteur MoreauAngleterre, 1859. Après plus de vingt ans d’attente et d’hésitations, Charles Darwin, provoqué par un jeune chercheur sur le point de publier une théorie similaire, fait finalement paraître son «Origin of Species», résultat d’observations faites lors de son désormais célèbre voyage à bord du HMS Beagle. L’onde de choc de cette publication est à la hauteur des pires craintes du naturaliste: il n’est pas si évident de convaincre l’homme (occidental de surcroît) qu’il n’a pas été crée par et à l’image de Dieu, mais a plutôt évolué à partir d’une forme primitive de primate.
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La loi et la jungle des «Animaux dénaturés»Les lendemains de la Deuxième Guerre mondiale sont, sur plusieurs plans, des lieux et des moments de reconstruction. Certes, les villes doivent redresser leurs murs, les familles tentent de se recomposer, les blessés guérissent et réapprennent à vivre. Les sociétés découvrent qu’elles doivent désormais composer avec un métissage nouveau, les réfugiés venus de partout se cherchant une terre d’adoption. Mais le véritable défi consiste à vivre pacifiquement aux côtés d’un voisin qui la veille encore était un ennemi.
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Un moine dans le laboL'adaptation cinématographique d’«Altered States», parue en 1980 et réalisée par Ken Russel, est probablement mieux connue que le roman qui lui fournit sa matière. De même, Paddy Chayefsky, son auteur, est surtout estimé en tant que scénariste et non en tant que romancier. Pourtant, le roman «Altered States» développe une réflexion unique sur la science, plus approfondie que celle présentée dans le film.
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D’un golem, l’autrePublié en néerlandais en 1998 et en français chez Gallimard en 2001, La procédure de l’écrivain Harry Mulisch est un roman tortueux aux pistes multiples, où s’imbriquent science et religion, créations scientifique et littéraire.
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Histoire subjective, génome immortel ou l’ontologie de la mémoireLa science est une conception paradoxale per se : indépendamment des applications technologiques — ou plutôt technoscientifiques — qu’en tire l’être humain, elle n’est finalement que la révélation de ce qui constitue le réel. Et cette révélation produit un paradoxe : tant qu’il reste à découvrir, ce réel demeure inoffensif — comme un virus à l’état de latence.
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Le nouvel homme nouveau est l’originaireJorge Luis Borges n’est contemporain de la philosophie posthumaniste que par anachronisme; une nouvelle comme « L’Immortel » rejoint le siècle biotech que par les questionnements qu’elle suscite et les « objets auratiques » qu’elle véhicule, à savoir l’utopie, l’immortalité et l’évolution. Ce récit est présenté comme celui du mémorialiste et antiquaire Joseph Cartaphilus, originairement connu sous le nom de Flaminius Rufus et tribun d’une légion romaine, qui obtient l’immortalité pour ensuite désirer la perdre.
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L'Homme n'est plus. Figures posthumaines et christiques dans «Babylon Babies» de Maurice G. DantecDans la Babylone-Monde de l’an 2013, il existe certes un absolu des affaires équivalant celui de Dieu, une économie générale qui agit sur le devenir de l’homme, qui redéfinit ses paramètres ontologiques comme le ferait, ou l’a fait, une certaine expérience mystique à travers les âges. Là où Léon Bloy s’est peut-être trompé ou, à tout le moins, n’a pas clairement entrevu la résultante du siècle de progrès qui se dessinait devant lui, c’est dans l’intégration du mysticisme à l’appareil technoscientifique.
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