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Se déconnecter pour se reconnecter: la place du savoir dans The Unplugging d’Yvette Nolan

«The Unplugging» est une pièce écrite par Yvette Nolan et jouée pour la première fois en 2012 au Arts Club Theater à Vancouver. Avant tout une histoire d’amitié, cette fiction remet surtout en cause le rapport occidental au territoire. Dans un monde post-apocalyptique que l’on pourrait qualifier de «post-technologie», deux femmes autochtones sont bannies de leur communauté en raison de leur «inutilité»: elles sont trop vieilles pour procréer. Elena et Bern trouvent refuge dans des chalets abandonnés où elles apprennent à réinvestir les savoirs transmis par leurs ancêtres: chasser du gibier, cueillir des herbes médicinales, etc. Ce processus leur permet non seulement de survivre dans ce monde aride, mais aussi de se retrouver, de se sentir fortes, de développer un rapport nouveau entre elles et au monde.

Liminalité dans le cycle de pollution dans Fendre les lacs de Steve Gagnon

Steve Gagnon, dramaturge, acteur et metteur en scène québécois, traite beaucoup des rapports entre trauma et territoire dans ses pièces de théâtre. «Fendre les Lacs», pièce présentée pour la première fois au Festival du jamais lu en 2015, est publiée en février 2016. Cette pièce de théâtre expose les blessures des huit personnages, mais aussi du territoire dans lequel ils habitent. On remarque une forme de coprésence, peut-être même une codépendance, qui devient toxique entre la nature et l’humain. En effet, ces personnages habitent dans des petites maisonnées en plein cœur d’une forêt nommée comme morte et d’un lac dont l’eau est «trouble» (Gagnon, p. 15). Ce paysage presque postapocalyptique devient rapidement un reflet des relations toxiques qu’entretiennent les personnages entre eux, relations qui ont aussi un impact sur l’écosystème.

La cartomancie du territoire: de la prise de conscience à l’amorce d’une guérison

«La cartomancie du territoire» suscite l’intérêt sur plusieurs plans: son contenu, bien sûr mais par sa forme également. Avant d’aborder l’analyse de la pièce, quelques mots sur son auteur, Philippe Ducros. Il a été directeur artistique du théâtre Espace Libre de 2010 à 2014 et est actuellement à la tête des productions Hôtel-Motel. Auteur et metteur en scène, il a écrit plusieurs œuvres dont un roman («Eden Motel»), des carnets de voyage («La rupture du jeûne» et «Les lanceurs de pierres») ainsi que de nombreuses pièces dont «L’affiche», finaliste pour le Grand prix de la dramaturgie, «La porte du non-retour» ou encore «Dissidents», finaliste pour le Prix du Gouverneur général et pour le prix Michel-Tremblay.

À la rencontre de Burning Vision: le temps des interrelations

Marie Clements est une comédienne, auteure, metteure en scène d’origine métis de Colombie-Britannique. Toute l’œuvre de Marie Clements s’inscrit dans une perspective résolument décoloniale et propose de nombreuses rencontres entre différents mythologies, histoires, époques. Elle participe d’un devoir de mémoire et donne la parole à ceux qui sont historiquement mis sous silence, refusant les «récits officiels» de l’Histoire.

Renversement du regard dans Animaux d’Alexis Martin: vers la rencontre de l’autre qu’humain

Imaginée par le binôme montréalais Alexis Martin (à l’écriture) et Daniel Brière (à la mise-en-scène), tous deux membres du Nouveau Théâtre Expérimental, la pièce de théâtre «Animaux» est présentée pour la première fois au théâtre Espace Libre à Montréal en 2016. Avec un concept original, l’auteur amène les animaux de la ferme sur scène pour partager un espace avec eux. En s’écartant d’une représentation théâtrale classique pour se rapprocher d’une contemplation naturelle, Martin met en place un paradoxe saisissant sur le jeu lui-même des comédiens: la venue des animaux sur scène suppose une cohabitation entre animal et comédien déséquilibrée puisque la suite du spectacle dépend de ce que va faire l’animal.

«Pétrole» de François Archambault: le désarroi humain

François Archambault, dramaturge montréalais, écrit depuis le début des années 1990. De nombreuses pièces ont marqué son parcours, dont «La société des loisirs» (2003) et «Tu te souviendras de moi» (2013). Sa plus récente pièce, «Pétrole», publiée chez Atelier 10 à l’automne 2020, doit être montée en scène en 2021. Ainsi que l’explique Archambault lui-même (Archambault, 2020b et 2020a: 10-13), deux matériaux médiatiques ont inspiré son écriture durant l’été caniculaire de 2018, soit le reportage de Nathaniel Rich intitulé «Losing Earth: The Decade We Almost Stopped Climate Change» (Rich, 2018), et la démission en direct sur les ondes de France Inter du Ministre d’État de la Transition écologique et solidaire de France, Nicolas Hulot (Hulot, 2018).

«L’Herbe de l’oubli» de Jean-Michel d'Hoop: une invitation à revoir notre manière d'entrer en relation avec le monde

Fondée en 1993 par l’auteur et metteur en scène belge Jean-Michel d’Hoop, la compagnie bruxelloise Point Zéro s’intéresse au rapport entre l’acteur et la marionnette et se questionne sur la frontière entre manipulateur et manipulé, entre inertie et mouvement. Créé en 2018, «L’Herbe de l’oubli» (en référence à l’absinthe, «tchernobyl» en russe) aborde l’après-catastrophe de Tchernobyl, survenue en 1986 suite à l’explosion d’un réacteur de la centrale nucléaire. Encore aujourd’hui, la radioactivité est dangereusement élevée autour de la zone d’exclusion, mais comme elle est invisible, le danger demeure difficile à concevoir. La vie semble s’y dérouler normalement: la nature y est belle, les gens y vivent et y cultivent des légumes.

La rhétorique du contrepied ou définitions multiples de l’anthropocentrisme et absence de confrontation vers l’animal

Professeur à l’université Bordeaux 3, Yves-Charles Grandjeat s’est intéressé particulièrement à la littérature américaine postmoderne, son multiculturalisme et son ethnicité, avant de se pencher sur la question de l’écologie et des écrivains de la nature. Agrégé d’anglais avec une formation à l’École Normale Supérieure, Grandjeat s’est donc forgé un parcours d’américaniste avant de se préoccuper des questions écologiques dans la littérature américaine.

Dépasser l’effet dans le théâtre de marionnettes: taxidermie, étrange et sensibilité

Spécialiste des questions de représentations féministes et des marionnettes contemporaines, Dinaïg Stall aborde les rapports entre la marionnette animale et le marionnettiste humain dans son article, plus particulièrement au théâtre contemporain. En plus d’établir les fondements éthiques des représentations de la marionnette animale, elle remet en question les raisons de l’utiliser sur scène. Si on considère l’humain dans une crise de la sensibilité, soit «une crise de connaissance et de style d’attention porté sur le vivant» (Morizot, Zhong, p. 88), il est important de se demander dans quelle mesure une réelle coprésence de l’humain et de la marionnette est possible dans un but de dépasser une donnée esthétique.

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