Considérant la nature particulière de tels espaces –reflétée, entre autres, par le paradoxe de leur désignation: Alors que terme «vague» se lie au flux, à l’indéterminé et au vide, le «terrain» se réfère plutôt, quant à lui, à l’idée «de limite et de support d’appropriation.» (Lévesque, 1999)–, il s’agira ici d’illustrer comment, dans les fictions pour la jeunesse, l’espace du terrain vague s’apparente à une chambre d’écho, spatialisant conflits intérieur et/ou extérieur et fournissant une surface pour leur résolution. L’analyse sémiotique de cet espace et l’étude du rôle qu’il assume dans l’écosystème d’œuvres issues de littératures d’ici et d’ailleurs permettront, en transversalité, de faire ressortir certains traits récurrents relevant d’une poétique du terrain vague en littérature pour la jeunesse.
Mentionné à l’occasion d’une description du paysage urbain ou servant brièvement d’arrière-plan à une action, l’espace du terrain vague se voit rarement mis en scène dans les romans ou albums pour la jeunesse. Il existe, toutefois, un certain nombre d’œuvres qui font du terrain vague l’espace central de l’histoire, offrant ainsi la possibilité d’en étudier ses représentations dans un corpus destiné à un jeune public (G. Boulizon, Les quatre du Mystigri; A. Browne,Le tunnel; C. Gingras, La fille de la forêt; Entre chien et loup; B. Smadja, Le cabanon de l’oncle Jo).