Les deux préfaces de l'Afrique fantôme constituent deux mea culpa renouvelés et reformulés dans lesquels Leiris affirme les limites de son expérience et son incapacité à rendre compte adéquatement d'une société africaine qu'il était venu étudier de 1931 à 1933. L'Afrique fantôme constitue le journal quotidien de cette mission et a été publié en 1934.
La première préface à être publiée date de 1950, Leiris revient sur la vision de l'Afrique qui se dégage du journal, une Afrique qui ne correspond pas à l'idéal exotique qu'il s'en faisait avant d'y mettre les pieds. Leiris en Afrique ne fait aucune plongée libératrice «dans la mentalité primitive». Le journal de lors reflète sa déception. Leiris dans la préface condamne cette déception en s'accusant d'avoir, par ignorance, complètement méconnu les enjeux politiques liés à l'exploitation coloniale des peuples africains. Avec le recul que lui donné les presque 20 années qui se sont écoulées, il juge avec sévérité sa «comédie d'enfant gâté» et la «suffisance de l'occidental cultivé» qu'il était. Depuis, un changement de perspective a eu lieu, amené par plusieurs voyages et les mouvements de libération dans les colonies.