Présentation de la communication
Le moment de l’écriture n’est pas un, il est toujours disjoint, tendu, entre les prémisses, le projet –désir en train de se faire droit, de transgresser l’interdit du réel, de se laisser libre cours– et son actualisation, nécessairement déceptive: fiction en train de se faire jour, de se fixer sur papier, c’est-à-dire à la fois de s’assumer, renoncer au secret, devenir légitime, socialement acceptable (donc moins transgressive) et in fine, comme le plaisir en général, dit Sénèque, « périr de par son propre usage » (De la vie heureuse). Le désir d’écrire vient-il jamais sans désir de ne pas écrire? De ne pas lire? De préserver l’inachèvement de l’exercice fictionnel pour n’en jamais sortir? Dans cette double tension, la tentation est labile, change de côté à mesure que se performe l’exercice. À partir d’un corpus métalittéraire sur la pratique de l’écriture fictionnelle, Claire Legendre interroge ce drame du désir d’écrire et la tentation qui s’y joue.