L’aspect apocalyptique du cinéma de Duras doit être interrogé non au départ de sa réflexion politique littéraire mais à l’aune d’un pouvoir qu’elle accorde singulièrement à l’image. Duras n’a jamais déclaré un livre raté. Par contre, de son propre aveu, son cinéma est un ensemble de films ratés, ce qui n’empêche pas l’écrivain de les donner à voir. L’apocalypse du cinéma durassien est thématique, mais elle est également structurelle, conditionnée par le matériau: l’image est apocalyptique. Elle est un révélateur (au double sens photographique et apocalyptique), mais la révélation n’annonce que la perte et la destruction par l’opération même de la monstration. Ce qui est montré est toujours déjà irrémédiablement perdu et détruit. Cette réflexion se déclinera selon deux questions: quelle est cette essence singulière que Duras attache à l’image? Pourquoi Duras ne considère-t-elle pas le texte sur le même plan que l’image?
OBSERVATOIRE DE L'IMAGINAIRE CONTEMPORAIN