Colloque
Université du Québec à Montréal

André Belleau et le multiple

Jeudi 17 Septembre 2015 - Vendredi 18 Septembre 2015

 

Présentation du colloque

Le colloque «André Belleau et le multiple» s'est déroulé les 17 et 18 septembre 2015 à la Salle des Boiseries (J-2805) de l'UQAM.

L'événement a été organisé par Jean-François Chassay, Michel Lacroix, tous deux professeurs au Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal, et David Bélanger, doctorant en études littéraires à l'UQAM. Vous pouvez consulter le programme au bas de cette page.

Depuis son implication au sein de la revue Liberté dans les années 1960 jusqu’à la publication posthume de ses réflexions sur l’œuvre de François Rabelais, André Belleau a participé de différentes manières à la vie intellectuelle québécoise. Certaines de ses hypothèses ont été reprises ou réévaluées dans les études littéraires. Ainsi en est-il, en littérature québécoise, de l’opposition entre le roman de la parole et le roman de l’écriture (Le romancier fictif), du conflit des codes (Surprendre les voix) qui serait au centre de sa genèse ou encore de la carnavalisation du roman québécois (Notre Rabelais).

On reconnaît également sa contribution sur des questions politiques ou, à tout le moins, volontiers polémiques: le séparatisme, la recherche en littérature ou la place de l’intellectuel dans la culture québécoise. Pionnier d’une sociocritique dite de «l’école de Montréal», ayant contribué à la diffusion et à la compréhension des travaux de Mikhaïl Bakhtine, André Belleau a également proposé les premières réflexions sur la métafiction, au Québec − en cela nourri des intuitions de Jean-Charles Falardeau et des observations d’Erich Auerbach.

Passeur de théories, il a commenté le structuralisme, les premières études narratologiques ou encore la sociologie littéraire naissante, celle du jeune Lukács et de Lucien Goldmann; ce travail, constitué tout au long d’essais et d’articles a également pris la forme d’un enseignement, puisqu’il fut professeur à l’Université du Québec à Montréal durant plusieurs années. André Belleau a, en ce sens, une importance première dans la théorie littéraire du Québec et dans sa diffusion. Lui consacrer un colloque consiste a analyser ces apports, ces questions restées suspendues, les profits de sa démarche.

 

Programme du colloque

Cliquez sur le titre d'une communication pour accéder à l'archive audio.

 

Séance: Le littératurologue

Pascal Riendeau. «"Un essaim d'idées mots", André Belleau et la pensée de l'essai»

Élise Boisvert-Dufresne. «On ne nait pas écrivain, on le devient ou l'acquisition progressive d'un statut d'écrivain par André Belleau»

François Dumont. «La poésie à distance»

 

Séance: Le producteur d'hypothèses

Lucie Robert. «Retour sur la notion de "conflit des codes"»

Michel Biron. «Chez nous, c'est la culture qui est obscène»

 

Séance: Le politique

Pierre Popovic. «L'interaction du politique et du théorique chez André Belleau, ou la découverte empirique de la sociocritique par un essayiste démocrate»

Benoit Melançon. «Sur un adage d'André Belleau»

 

Séance: Le carnavalesque

Anthony Wall. «André Belleau, le multiple et le portrait artistique»

Pierre Nepveu. «Rabelais au pluriel: André Belleau et l'unité perdue»

 

Séance: L'intellectuel

Marie Parent. «Trahir Belleau, ou Y a-t-il une intellectuelle dans la salle?»

Julien-Bernand Chabot. «L'essayiste "fictif": autoportrait d'André Belleau en silène à lunettes»

Frédéric Rondeau. «Petite philosophie d'André Belleau» [Communication non disponible]

Julien Lefort-Favreau. «Portrait de l'intellectuel "intermédiaire"»

 

Séance: Le découvreur

Micheline Cambron. «André Belleau et la théorie littéraire... des autres. Un passeur littéraire à la radio» (Communication non disponible)

Robert Dion. «André Belleau à l'épreuve de l'étranger» (Communication non disponible)

Jean François Chassay. «André Belleau, cybernaute»

 

Séance: L'homme de lettres

Jonathan Livernois. «"Un coup délivré de Trudeau...", correspondance entre André Belleau et Pierre Vadeboncoeur (1978-1985)»

Michel Lacroix. «Treize textes brefs sur Belleau»

 

Organisation du colloque

Jean-François Chassay est chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Professeur au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal depuis 1991, Jean-François Chassay a publié une vingtaine de livres (romans, essais, anthologies, actes de colloque). En 2002, il remportait le Grand prix d’excellence en recherche décerné par le réseau de l’Université du Québec. Il a été membre de la rédaction puis codirecteur de Spirale (1984-1992), puis directeur (1998-2001) de Voix et Images. Il a tenu régulièrement, de 1986 à 2004, des chroniques littéraires à la radio de Radio-Canada (En toutes lettres, Fictions, Littérature actuelle, Le temps perdu, Paysages littéraires, midi culture, Indicatif présent…) et récemment à Plus on est de fous, plus on lit. Dernier ouvrage publié: Au cœur du sujet. Imaginaire du gène (Montréal, Le Quartanier, 2013).

Michel Lacroix est professeur au Département d'études littéraires de l'UQAM. Ses recherches portent sur la sociocritique, la sociologie de la littérature, les revues et les groupes littéraires et les réseaux. Il est, entre autres, l'auteur de De la beauté comme violence. L'esthétique du fascisme français 1919-1939 (PUM, 2004) et de L'invention du retour d'Europe. Réseaux transatlantiques et transferts culturels au début du XXe siècle (PUL, 2014).

David Bélanger est doctorant en études littéraires à l'UQAM sous la direction de Jean-François Chassay, après avoir complété une maîtrise en études littéraires à l'Université Laval. Il travaille sur la figure de l'écrivain dans la littérature québécoise des années 2000. Il a publié dans Voix plurielles, Chameau, Le Crachoir de Flaubert et Mémoires du livre. En 2014, il a fait paraître un roman aux édition L'instant Même intitulé Métastases. Il publie aussi en 2015 une nouvelle dans le recueil collectif Il n'y a que des fous aux côtés, entre autres, de Jean-François Chassay, Jean-Simon DesRochers et Mélikah Abdelmoumen.

 

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Pour citer ce document:
Bélanger, David, Jean-François Chassay et Michel Lacroix, (org.). 2015. André Belleau et le multiple. Colloque organisé par Figura, le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire / CRILCQ. Montréal, Université du Québec à Montréal, 17 et 18 septembre 2015. Document vidéo. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. <https://oic.uqam.ca/fr/evenements/andre-belleau-et-le-multiple>. Consulté le 1 mai 2023.

Treize textes brefs sur Belleau

À ma connaissance Belleau n'a pas commenté et probablement pas lu l'oeuvre d'Auden et n'a d'ailleurs guère écrit sur la littérature américaine, préférant de loin l'idée d'américanité et la nécessité de dire l'Amérique en français. Il y eut cependant de nettes affinités entre leurs pratiques de la prose.

«Un coup délivré de Trudeau...», correspondance entre André Belleau et Pierre Vadeboncoeur (1978-1985)

En février 1987, dans le numéro spécial de Liberté consacré à André Belleau, Pierre Vadeboncoeur écrivait ceci au sujet de ses liens avec le disparu: "J'hésitais un peu en acceptant d'écrire un témoignage, même bref, sur André Belleau. Tout ce que je sais de lui me vient de deux ou trois conversations, de quelques lettres qu'il m'écrivit, de la lecture d'articles ou d'essais qu'il publiait, le tout depuis 1978, pas davantage.

L'essayiste «fictif»: autoportrait d'André Belleau en silène à lunettes

Au fil de sa carrière, André Belleau s'est intéressé avec une grande constance aux figures de l'écrivain et de l'intellectuel et particulièrement à leur représentation dans les oeuvres littéraires. Lui même, d'ailleurs, en tant qu'essayiste et qu'intellectuel, s'est mis en scène à quelques reprises dans certains de ces essais les plus connus, essais qui comportent une dimension narrative et mimétique. 

Rabelais au pluriel: André Belleau et l’unité perdue

J'ai connu André Belleau dans des circonstances improbables, étant données les seize années qui nous séparent. Malgré cet écart, nous avons presque quotidiennement fréquenté, pendant trois années, les mêmes salles de classes à l'Université de Montréal, partagé de nombreux cours, vécu ensemble de grands enthousiasmes et, forcément, quelques déceptions. Collaborateur régulier à la revue Liberté, il ne passait pas inaperçu parmi notre groupe de jeunes baby boomers inscrits à la licence.

Trahir Belleau, ou Y a-t-il une intellectuelle dans la salle?

Dans un numéro de 2008, la revue Liberté demandait à plusieurs auteurs québécois de réfléchir à l'héritage. Dans un texte qui s'intitule Trahir la race: Portrait de l'intellectuel québécois en Judas, Catherine Mavrikakis nous invitait à déformer ou encore à malmener, à trahir ou à traduire en d'autres termes, souvent très peu fidèles, ce qui nous a été confié. C'est dans cet esprit que je me propose de relire l'oeuvre de Belleau, en le trahissant et en le malmenant gentiment.

Sur un adage d’André Belleau

Ce que je vais faire est réfléchir à une phrase d'André Belleau: "Nous n'avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler". Cette phrase est tirée d'un article qui s'appelait à l'origine Langue et nationalisme, en 1983. L'essai a été repris plusieurs fois sous le titre Pour un unilinguisme anti-nationaliste. Mon objectif est de voir comment Belleau, dans ce texte et par cette phrase, peut nous aider à penser la question linguistique en 2015 au Québec.

L'interaction du politique et du théorique chez André Belleau, ou la découverte empirique de la sociocritique par un essayiste démocrate

En relisant les essais de Belleau, je m'étais avisé qu'il y avait des accros, des contradictions non levées ou même des petits ratés ça et là. Je me suis donc dit qu'il y avait là un rapport particulier à la théorie qui n'était peut être sans une certaine gêne. J'ai remarqué cela à plusieurs traits.

Retour sur la notion de «conflit des codes»

Ma communication ne porte pas sur André Belleau. Elle repose sur l'expérience acquise au cours d'un séminaire de cycle supérieur dont elle servira aussi de bilan et elle entend revenir sur la notion de conflit des codes et sur sa valeur heuristique. André Belleau a utilisé surtout cette notion pour caractériser le type de relation qui unit les écrivains québécois à la littérature française. Mais à la fin de son article Code social et code littéraire dans le roman québécois paru en 1983, il souhaitait voir sa proposition s'élargir dans de nouvelles directions.

La poésie à distance

Je me suis intéressé au rôle que la poésie a joué dans le parcours et dans l'élaboration de la pensée de Belleau et il me semble que ce rôle ait été déterminant malgré l'importance plus visible de la théorie de l'essai et du roman.

On ne nait pas écrivain, on le devient ou l'acquisition progressive d'un statut d'écrivain par André Belleau

Ce que je vous propose est de retracer le parcours de réception de l'oeuvre de Belleau avec comme fil conducteur des questions suivantes: Comment et quand Belleau est-il devenu un écrivain, d'abord pour lui-même et ensuite pour les autres? Selon quels critères a-t-il évalué son propre travail et comment ce travail a-t-il été appréhendé?

«Un essaim d'idées mots», André Belleau et la pensée de l'essai

Je ne suis pas un lecteur assidu d'André Belleau, mais j'ai étudié avec beaucoup d'attention Surprendre les voix et surtout les publications sur l'essai: Approches et situation de l'essai québécois, Petite essayistique et La passion de l'essai. Ces trois courts textes ont eu un véritable impact sur ceux qui ont étudié l'essai par la suite. Belleau a formulé quelques propositions originales sur l'essai, mais comme il lui a consacré moins de vingt pages, cela est-il suffisant pour construire une véritable pensée sur le sujet?

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